La stratégie mise de l'avant en Irlande afin d'attirer des grandes entreprises spécialisées dans le secteur des TIC, au tournant du millénaire, a porté ses fruits. Aujourd'hui, les nombreuses entreprises et les milliers d'emplois spécialisés installés depuis à Dublin attirent l'attention du reste du monde. Un exemple à suivre que le Québec est loin d'ignorer.

La stratégie mise de l'avant en Irlande afin d'attirer des grandes entreprises spécialisées dans le secteur des TIC, au tournant du millénaire, a porté ses fruits. Aujourd'hui, les nombreuses entreprises et les milliers d'emplois spécialisés installés depuis à Dublin attirent l'attention du reste du monde. Un exemple à suivre que le Québec est loin d'ignorer.

«L'innovation de l'Irlande dans les programmes et les mesures incitatives pour attirer les entreprises de technologies est un exemple pour tout le monde», assure Josée Béland, d'Investissement Québec.

L'organisme québécois est conscient du succès du «Tigre celte» dans les technos, un succès obtenu à grands coups d'allégements fiscaux et de collaboration dans la formation d'une main-d'oeuvre adaptée aux besoins de l'industrie.

Le programme irlandais le plus original est probablement celui qui a transformé, depuis 1999, plus de 5000 chômeurs chroniques et décrocheurs en spécialistes des TIC. Car la main-d'oeuvre est, dans bien des cas, le nerf de la guerre pour ces entreprises. «La pire crainte dans les hautes technologies est qu'il n'y ait pas assez de gens qualifiés, et que ceux qui le sont quittent l'entreprise trop rapidement», ajoute Mme Béland. «La main-d'oeuvre spécialisée, ça coûte cher à former.»

De la manufacture à la R&D

À la fin des années 90, la société américaine Hewlett-Packard s'est installée à Leixlip, en banlieue de Dublin, afin d'y fabriquer des cartouches pour ses imprimantes à jet d'encre. À l'instar d'autres gros noms, comme Dell, IBM et Microsoft, elle a trouvé en Irlande une main-d'oeuvre qualifiée, grâce à un programme de formation accélérée élaboré par le gouvernement et des entreprises des TIC, incluant HP.

Aujourd'hui, le centre DIMO emploie plus de 2000 personnes et est devenu l'un des trois centres de R&D de HP dans le monde, la multinationale américaine ayant continué de former ses employés afin d'en faire des ingénieurs et des chercheurs de calibre international.

«Il y a deux raisons pour lesquelles HP s'est établie en Irlande, explique Eduardo Macias, directeur du développement pour HP en Irlande. La première, évidemment, c'est la disponibilité de la main-d'oeuvre. La seconde, c'est l'aide du gouvernement dans la création de notre centre de R&D. En créant des emplois à valeur ajoutée, ça nous a évité d'avoir à déménager en Asie, où les coûts de manufacture sont beaucoup moins élevés.»

Val Gabriel, superviseur du centre de R&D de HP à Dublin, a pour sa part été témoin de la naissance d'un bon nombre de petites entreprises locales gravitant autour de la plus grande entité. «Par exemple, des ingénieurs d'ici nous aident à faire fonctionner nos chaînes de montage et à faire le suivi de la qualité de nos produits. Nous sommes devenus un pôle technologique vital enraciné dans la région», conclut-il. Un modèle reconnu Le secteur de la finance reconnaît que les mesures fiscales prônées par l'Irlande pour attirer les entreprises sont pour le moins généreuses. Par exemple, le taux d'imposition de certaines entreprises est passé de 24 % à 10 %, de 2000 à 2002, puis à 12,5 % par la suite. Au total, plus de 1100 entreprises, dont 430 multinationales, ont profité de ces mesures.

Le modèle irlandais pourrait être inspirant pour Montréal, de ce côté-là également. La Société de développement de Montréal, qui a géré l'immobilier des cités du multimédia et du commerce électronique au tournant du millénaire, rappelle que c'est grâce à ce type de mesures si la métropole québécoise est aujourd'hui si étroitement associée, ailleurs dans le monde, aux nouveaux médias.

«Ce n'est que depuis que la Cité du multimédia existe que Mont- réal possède un nom, une spécialité, croit Robert Perron, de la Société de développement. Tout à coup, ça a fait du bruit partout dans le monde.»

Aujourd'hui, les gens chargés de la promotion des deux cités ne sont plus en fonction, selon la Société de développement de Montréal. Des organismes comme Investissement Québec et Montréal International ont pris le relais. Mesures d'incitiation fiscales et aide à la formation, comme la création de campus spécialisés dans les universités québécoises, sont au menu. Ces outils ont fait leurs preuves au Québec, mais l'Irlande en demeure toujours le meilleur exemple.