L'ex-présidente de Hewlett-Packard veut se disculper en invoquant le fait que beaucoup d'autres compagnies pratiquent des enquêtes internes... disons l'espionnage, les écoutes téléphoniques, la lecture des courriels.

L'ex-présidente de Hewlett-Packard veut se disculper en invoquant le fait que beaucoup d'autres compagnies pratiquent des enquêtes internes... disons l'espionnage, les écoutes téléphoniques, la lecture des courriels.

Le dossier des écoutes chez HP n'est pas clos. Car, avec les procédures judiciaires qui ont été lancées, des détails cruciaux vont voir le jour à propos d'opérations illicites touchant à la vie privée de 24 personnes, dont 9 journalistes.

Mise en examen, Patricia Dunn, ex-présidente du conseil d'administration de HP, se défend en faisant valoir que les pratiques d'espionnage seraient monnaie courante. Beaucoup de sociétés possèderaient des équipes d'enquêteurs.

Lors d'une émission sur la chaîne CBS, elle a répondu aux journalistes: «Si vous croyez que Hewlett-Packard est la seule société à avoir une équipe d'enquêteurs, vous êtes naïfs».

Pourtant les faits qui lui ont valu son éviction brutale de la compagnie ne sont pas futiles. Comme le révèle Le Figaro de ce 9 octobre, on en sait chaque jour un peu plus.

Le procureur de Californie lui reproche d'avoir sciemment commandité des investigations touchant à la vie privée de ces 24 personnes.

De leur côté, les autorités fédérales ont également lancé une enquête qui pourrait, elle aussi, menée à une inculpation. Les peines encourues sont plusieurs années de prison et une amende de plusieurs milliers de dollars.

L'un des principaux griefs concerne l'usurpation d'identité: les détectives commandités par Patricia Dunn et son directeur juridique ont rusé en se faisant passer pour des agents, afin d'obtenir des relevés de communications téléphoniques (disons clairement: des écoutes téléphoniques). Des courriels et des messages sur Blackberry prouvent que l'ex-présidente du CA était personnellement impliquée dans les méthodes déployées pour tenter de détecter une «taupe» au sein de son conseil d'administration. Des outils de pistage (tracking) avec des logiciels espions (spywares) auraient été utilisés dans des échanges de courriels avec de journalistes afin de tenter de remonter la piste de certaines fuites. Certains journalistes ont été piégés avec la divulgation de fausses informations confidentielles.

Le système de défense de Patricia Dunn s'appuie en partie sur la loi américaine qui autorise les écoutes téléphoniques et la lecture du courrier électronique en cas de fautes manifestes, mais à condition qu'il s'agisse de données circulant exclusivement sur le réseau de l'entreprise. Du reste, selon une association de gestion américaine, 55% des entreprises américaines surveilleraient les courriels de leurs employés...

Patricia Dunn s'est en prise notamment à un membre du conseil d'administration, Thomas Perkins, qu'elle considère comme l'instigateur de son éviction: «c'était une campagne classique de désinformation (...)», a-t-elle déclaré sur CBS, selon IDG News.

Selon elle, ce même Thomas Perkins aurait alerté la SEC, la Federal Trade Commission, le Département de la Justice et le procureur de l'État de Californie lorsqu'elle était près d'identifier George Keyworth, autre membre du conseil et proche de Perkins, comme étant le dirigeant qui aurait balancé des informations à un journaliste en janvier 2006.

Tous trois, Dunn, Perkins et Keywork ont été évincés du conseil d'administration de HP.