Depuis quatre mois, Lonelygirl15 fait jaser. Elle est belle, jeune, timide, simple et diffuse régulièrement un vidéoblogue sur Internet, d'abord sur YouTube, puis sur MySpace. La jeune fille n'a pas tardé à susciter un véritable engouement. Des sites et des forums de discussions lui sont consacrés, et des dizaines de milliers de fidèles suivent ses péripéties. Puis, les doutes ont commencé à s'accumuler. Serait-ce une supercherie?
Depuis quatre mois, Lonelygirl15 fait jaser. Elle est belle, jeune, timide, simple et diffuse régulièrement un vidéoblogue sur Internet, d'abord sur YouTube, puis sur MySpace. La jeune fille n'a pas tardé à susciter un véritable engouement. Des sites et des forums de discussions lui sont consacrés, et des dizaines de milliers de fidèles suivent ses péripéties. Puis, les doutes ont commencé à s'accumuler. Serait-ce une supercherie?
Trois internautes ont voulu en avoir le coeur net. Il ont gratté un peu la surface et découvert que la jeune «Bree» de Lonelygirl15 était en fait une actrice, Jessica Rose, 20 ans, engagée par des réalisateurs et affiliée à une agence d'artistes d'Hollywood.
Sentant qu'ils perdaient le contrôle, les trois créateurs de Lonelygirl15 ont publié une lettre sur un des sites consacrés à la jeune femme, confessant, à demi-mot, leur crime. «Merci à tous ceux qui apprécient notre divertissement jusqu'à présent. Nous avons été impressionnés par cette réponse inattendue du public. Nous assistons à la naissance d'une nouvelle forme d'art», écrivent-ils.
À la question «Qui est-elle?», ils se contentent de répondre: «Lonelygirl15 est le reflet de nous tous.»
La nouvelle a bouleversé les adeptes de YouTube, même si plusieurs d'entre eux débattaient déjà depuis peu de l'authenticité de la jeune fille.
«Je me sens vraiment stupide parce que j'y ai cru. Chaque jour, j'ai regardé Lonelygirl15 dans sa chambre parfaite, avec ses meubles parfaits de chez IKEA», raconte Renetto, 19 ans, à la caméra.
La première vidéo de Lonelygirl15 est apparue en juin sur le site spécialisé en vidéos personnelles YouTube. Elle se présente, Bree, et raconte un peu son histoire: elle vient de Nouvelle-Zélande, est scolarisée à la maison, lit beaucoup, ne sort pas tellement, a des parents très stricts et religieux et un petit ami, Daniel. Elle racontera à la caméra sa petite vie dans 29 autres épisodes.
Selon YouTube, plus de 2,3 millions de personnes ont consulté au moins une fois une vidéo de Bree. Pas moins de 26 930 internautes sont abonnés au «canal» Lonelygirl15, ce qui veut dire qu'ils fréquentent régulièrement le contenu.
Professeur au département de communication de l'Université de Montréal et titulaire de la chaire de recherche sur les technologies émergentes, André Caron n'est pas surpris d'un tel engouement. «Il y a une tendance sociale actuellement, les gens sont curieux de rentrer dans l'intimité des autres. Internet a certainement contribué au phénomène: on peut maintenant entrer dans la vie des gens.» Il y voit un lien avec la téléréalité. Sauf qu'avec Internet, il est plus difficile de distinguer le vrai du faux, souligne-t-il. «De telles supercheries pourraient renforcer le besoin d'éduquer les gens aux nouveaux médias», dit le professeur.
L'idée de faire vivre un personnage plus vrai que nature et de raconter sa vie sur vidéoblogue est née de la rencontre entre trois jeunes aspirants réalisateurs californiens. Miles Beckett, âgé de 28 ans, se décrit lui-même comme un crack d'informatique, Mesh Flinders, 26 ans, est un scénariste et Greg Goofried est un avocat de 27 ans.
Même si le secret est percé, l'engouement n'a pourtant pas diminué. Au contraire. Les adeptes veulent connaître la suite des péripéties de Bree.
L'agence d'artistes Creative Artists Agency parraine maintenant les trois créateurs. Un site qui vend de la publicité a aussi offert d'héberger les vidéos de Bree en séparant avec eux les revenus publicitaires.
Les créateurs ont remporté leur pari: créer une histoire interactive, en temps réel, où la frontière entre l'actrice - le personnage - et le public n'existerait pas. Lonelygirl15 n'était pas si esseulée, finalement.
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