Vidéotron compte offrir la téléphonie sans fil à tous les consommateurs québécois d'ici la fin de l'année. Pour se distinguer des autres fournisseurs, le câblodistributeur mise notamment sur la popularité du contenu à saveur locale. Il n'y a pas que les autres filiales de Quebecor Media qui vont en profiter: les entreprises québécoises créatrices de contenu multimédia aussi.

Vidéotron compte offrir la téléphonie sans fil à tous les consommateurs québécois d'ici la fin de l'année. Pour se distinguer des autres fournisseurs, le câblodistributeur mise notamment sur la popularité du contenu à saveur locale. Il n'y a pas que les autres filiales de Quebecor Media qui vont en profiter: les entreprises québécoises créatrices de contenu multimédia aussi.

Elles pourraient enfin connaître leur heure de gloire. «Plus il y a de fournisseurs de services cellulaires, plus c'est bon pour nous!» assure Stéphane D'Astous, directeur montréalais de Babel Games Services, une entreprise britannique dévouée aux jeux vidéo pour sans-fil. «Pour l'industrie des applications mobiles, les opportunités sont vastes.»

Les services sans fil sont un marché relativement nouveau au Canada. «C'est un marché encore immature qui va attirer beaucoup d'investissements au cours des prochaines années, dit M. D'Astous. On commence à réaliser que le téléphone mobile est un média qui a plus de potentiel que la télévision ou la radio.»

Babel Games Services travaille en ce moment avec les studios américains de Disney, afin d'adapter un jeu vidéo multijoueurs aux appareils cellulaires que Disney détaille aux États-Unis. En version mobile, Pirates of the Caribbean peut se jouer en réseau à 16 joueurs, en simultané.

C'est le genre de synergie, entre services sans fil (les jeux vidéo mobiles) et contenu (un film produit localement) qui n'existe pas encore, au Québec. Peut-être verrons-nous bientôt un jeu de hockey en réseau inspiré du film Les Boys, édition cellulaire?

Un retard à combler

«Les consommateurs canadiens accusent un retard dans l'utilisation des services à valeur ajoutée, comme la messagerie texte ou le téléchargement de musique ou de vidéoclips», dit Rick Nadeau, analyste spécialisé dans les télécommunications et les produits culturels pour le centre de recherche Décima, à Ottawa. Le chercheur estime que ce phénomène est causé par la plus faible pénétration du sans-fil dans les foyers canadiens.

Selon lui, c'est une tendance qui s'inverse tranquillement, en partie à cause de nouveaux fournisseurs, comme Virgin Mobile. La division canadienne de la multinationale anglaise a signé plus de 250 000 clients en à peine plus d'un an.

Souvent, ces nouveaux clients proviennent d'entreprises rivales. Ce le sera encore davantage à partir de mars 2007, puisque les consommateurs pourront alors conserver leur numéro de téléphone même s'ils changent de fournisseur. Cette mesure devrait créer pas mal de mouvement dans le marché, selon les prévisions.

Bref, dans ce contexte, l'offre de services donnant accès à du contenu exclusif est un outil concurrentiel majeur. «Avec l'arrivée de nouveaux acteurs, plusieurs nouveaux services vont apparaître, explique M. Nadeau. Ces services vont de plus en plus faire appel à des fournisseurs de contenu indépendants. Même que les grosses entreprises de télécoms pourraient acheter ces entreprises pour mieux répondre à la demande.»

Les études du centre Décima démontrent qu'un contenu original et exclusif permet aux fournisseurs de retenir leur clientèle et d'augmenter leurs revenus par client. Le hic: «Les types de contenu sont infinis«, dit Rick Nadeau. C'est à qui offrira les services et le contenu les plus diversifiés afin d'attirer la plus large clientèle possible.

ConvergenceLors du lancement de son nouveau service dans la Ville de Québec, Robert Dépatie, président de Vidéotron, évoquait l'importance du contenu multimédia dans l'industrie du sans-fil. «Nos liens avec TVA, Canoe et Sun Media sont des partenariats qu'on va optimiser, disait-il. C'est un marché dont le plein potentiel reste encore à être développé.»

Son patron, Pierre Karl Péladeau, est évidemment du même avis. Selon lui, d'autres industries tirant leur existence des médias de masse en ont besoin pour continuer à se développer. «Le sans-fil est un outil qui peut aider les industries culturelles. C'est un distributeur de contenu.»

M. Péladeau pense au téléphone cellulaire tel qu'on l'utilise déjà en Europe et en Asie. Là-bas, grâce à des réseaux très rapides, le sans-fil est devenu à la fois un téléphone, un téléviseur, un juke-box et une console de jeux vidéo.