Un récent sondage effectué par Environics Research Group indique que 60 % des Canadiens âgés de 18 ans et plus adhèrent au principe suivant: les créateurs de musique doivent être compensés pour la copie privée de musique, c'est-à-dire toute duplication personnelle de musique protégée par le droit d'auteur.

Un récent sondage effectué par Environics Research Group indique que 60 % des Canadiens âgés de 18 ans et plus adhèrent au principe suivant: les créateurs de musique doivent être compensés pour la copie privée de musique, c'est-à-dire toute duplication personnelle de musique protégée par le droit d'auteur.

Voilà donc une idée qui fait son chemin: malgré les réticences de la communauté internaute et de tant d'acteurs de la nouvelle économie numérique, un sondage scientifique révèle qu'une bonne proportion de Canadiens acceptent la notion de redevance, quel que soit leur niveau d'éducation ou de revenu.

Le sondage mené auprès de 993 répondants, entre les 2 et 23 juin 2006, révèle qu'entre 74 % et 80 % des répondants considèrent la redevance de 20, 30 ou même de 40 cents comme une somme juste et équitable à verser aux créateurs de musique pour la musique copiée. On sait que la redevance actuelle sur la vente de chaque CD vierge est de 21 cents. Dans la même optique d'ouverture, 75 % des personnes interrogées se disent favorables à l'idée qu'une redevance pouvant atteindre 40 cents soit perçue sur la vente d'un lecteur de 30 gigaoctets. Or on sait qu'on ne perçoit pas de redevance sur les baladeurs numériques ou les ordinateurs personnels.

Ce sondage a été effectué pour le compte de la Société canadienne de perception de la copie privée (SCPCP), une société collective de gestion de droits d'auteur chargée de la perception et de la distribution de redevances pour la copie privée. Depuis sa fondation en 1999, la SCPCP a réparti 72 millions de dollars à plus de 67 000 ayants droit.

«Les résultats sont sans équivoque: une énorme majorité appuie la redevance ainsi que le principe selon lequel les titulaires de droits devraient être compensés pour la copie pour usage privé d'oeuvres musicales», affirme Claudette Fortier, présidente du conseil de la SCPCP. L'organisation se réjouit d'autant plus que la majorité des sondés estiment qu'une redevance de 40 cents, c'est-à-dire presque deux fois plus élevée que l'actuelle, est juste et équitable.

Cela étant, il ne faut pas oublier que ce sondage a été commandé par une entreprise dont l'objet essentiel est d'exiger pour les créateurs une redevance aux fabricants de supports vierges ou encore d'outils de lecture numérique.

Ce même sondage nous révèle d'ailleurs l'ignorance d'une majorité absolue de répondants sur la notion de compensation pour usage de copie privée: moins de deux personnes sur 10 savent que lorsqu'ils achètent un CD vierge, 21 cents sont attribués aux titulaires de droits musicaux - le tarif, espère la SCPCP, serait maintenu jusqu'en 2007. Une fois mis au courant toutefois, les Canadiens ne sont pas rebutés par les montants proposés (20, 30 ou 40 cents)... Est-ce à dire que leur position est bien arrêtée ou qu'ils pourraient changer d'opinion si un lobby plus réticent à l'idée de redevances leur présentait d'autres avis d'experts?

On observe en outre que des répondants âgés entre 18 et 29 ans s'opposent à l'idée de payer aux créateurs une redevance afin de pouvoir faire des copies privées de leur musique. Tiens, tiens... Pourtant, les trois quarts d'entre eux estiment qu'une redevance de 20 sous est équitable, 80 % estiment que 30 sous est équitable, et 71 % estiment que 40 sous est équitable. Comment interpréter cette contradiction? Aussitôt qu'on leur suggère les montants des redevances sur les supports vierges, ils cessent de s'opposer au principe de la redevance, nous indique-t-on à la SCPCP.

Quoi qu'il advienne, la création professionnelle des contenus devra se payer, et la notion de copie privée restera un maillon crucial de la chaîne économique. Car si les supports physiques peuvent devenir obsolètes, les mémoires permettant le stockage des contenus connaîtront une croissance illimitée. Quoi qu'il advienne, l'idée de redevance sur les contenus numérisés fait son chemin.