Le 11 septembre 2001, quand les avions ont percuté les tours jumelles de New York, tous les moyens de communication ont été pris d'assaut: téléphones cellulaires, téléviseurs, radios. Internet n'a pas échappé à la vague.

Le 11 septembre 2001, quand les avions ont percuté les tours jumelles de New York, tous les moyens de communication ont été pris d'assaut: téléphones cellulaires, téléviseurs, radios. Internet n'a pas échappé à la vague.

Cinq ans après l'attaque du World Trade Center, le Web a beaucoup changé. Serait-il le même s'il n'y avait pas eu de 11 septembre?

Alex Halavais, professeur en communication interactive à l'université Quinnipiac, au Connecticut, croit que non.

«Le 11 septembre est un événement qui a poussé les gens à bloguer. On ne parlait pas de blogues encore, mais les gens se sont tournés vers des sites Web comme Slashdot ou Fark et vers des forums de discussion», dit Alex Halavais, qui a rédigé une étude sur le journalisme citoyen de l'après-11 septembre pour le compte du Pew Internet & American Life Project.

Les sites qui n'étaient pas rattachés à des médias traditionnels ont alors gagné en importance. Pour une raison pragmatique, d'abord.

«Une des raisons qui a poussé les gens à aller vers d'autres sites Web est que les sites de nouvelles traditionnels étaient hors service. Le premier à flancher a été le New York Times. Les gens se sont donc tournés vers la BBC, puis le site de la BBC est tombé», se souvient Alex Halavais.

Même Google suggérait aux internautes de se tourner vers d'autres sources.

«Si vous cherchez des nouvelles, vous trouverez les informations les plus à jour à la télévision et à la radio. Plusieurs services d'information en ligne ne sont pas disponibles, en raison de la demande extrêmement forte», écrivait Google sur sa page d'accueil.

Mais, dit le chercheur, devant l'ampleur de la tragédie, les internautes cherchaient des sites qui leur permettraient d'exprimer leurs émotions et de trouver davantage de profondeur. Des besoins auxquels les médias traditionnels ne répondaient pas.

En plus de révéler les avantages du journalisme citoyen, les attentats du 11 septembre ont inscrit ses limites.

Ainsi, aux premières heures de la tragédie, certains sites, dont Slashdot, rapportaient que 50 000 personnes avaient trouvé la mort dans l'effondrement des deux tours.

«Il est vrai que, bien qu'ils ne s'assuraient pas toujours que les nouvelles soient vraies avant de les publier, les sites reliés aux médias traditionnels s'en tiraient un peu mieux que les autres, reconnaît Alex Halavais. Il y avait beaucoup de rumeurs qui circulaient sur les autres sites, beaucoup de théories sur ce qui avait pu se produire.»

Archiver les événements

Si les chercheurs peuvent étudier les traces des attentats du 11 septembre 2001 sur Internet, c'est que des gens les ont conservées.

«Le Web n'a pas de mémoire – à moins qu'elle ne soit créée», écrit sur sa page d'accueil le site suisse Interactive Publishing, qui a conservé des captures d'écran de plusieurs sites Internet le 11 septembre 2001.

Mis sur pied notamment par l'Université de Washington, le site September 11 Web Archive a quant à lui conservé des sites Web qui ont été créés dans la foulée des attentats du 11 septembre.

Un travail énorme, dit Alex Halavais, qui a travaillé sur ce projet. Il exprime aujourd'hui des regrets de n'avoir tout pu conserver.

«Il y a eu un immense effort pour tenter de rassembler tout ça et de lui donner un sens. C'est un travail extrêmement difficile à faire. Et comme la mémoire, c'est sélectif.»

Il croit toutefois que l'archivage des sites Web est nécessaire et cite en exemple une de ses étudiantes au doctorat, qui se sert des sites créés à la suite des attentats de New York pour mener des recherches.

«Je crois que c'est quelque chose de valable, dit Alex Halavais. Quand nous regardons en arrière, l'histoire c'est ce qui a été archivé. Le Web ouvre la porte à toute une nouvelle forme d'histoire.»

Aussi:

September 11 Web Archive

Interactive Publiching: captures d'écrans de sites Internet faites le 11 septembre 2001

Le site Slashdot, le 11 septembre 2001

La page Web de Google, telle qu'on pouvait la voir le 11 septembre 2001