L'acquisition par Sony de Grouper.com, huitième acteur mondial de la vidéo en ligne, pourrait marquer le début d'une ruée massive des médias sur ce marché stratégique, après les portails Internet qui ont déjà placé leurs billes.

L'acquisition par Sony de Grouper.com, huitième acteur mondial de la vidéo en ligne, pourrait marquer le début d'une ruée massive des médias sur ce marché stratégique, après les portails Internet qui ont déjà placé leurs billes.

Hollywood et les médias ne commettront pas les mêmes erreurs sur la vidéo en ligne que sur la musique en ligne. En laissant Apple essuyer les plâtres avec iTunes, les majors du disque ont laissé le fabricant du baladeur numérique iPod imposer ses conditions au marché, et les majors peinent à reprendre le contrôle.

Sur la vidéo en ligne, les jeux ne sont pas encore faits, et aucun acteur n'a encore atteint une ampleur qui lui permet d'envisager de rejouer un plan à la iTunes sur la musique et d'emporter seul le morceau.

Certes, le numéro un YouTube domine largement ce marché, encore essentiellement américain, avec selon Hitwise une part de marché de 42,94 % en mai dernier. Mais avec une valeur que certains analystes estiment à 1 milliard de dollars, même le numéro un n'est pas à l'abri d'un rachat.

Les six acteurs suivants sont quasiment inattaquables. Numéro deux, MySpace Videos (24,22 % de part de marché) appartient à NewsCorp de Ruppert Murdoch. Il est suivi en troisième position par Yahoo! Video Search (9,58 %) ; en quatrième par MSN Video Search (9,21 %) filiale de Microsoft ; en cinquième par Google Video Search (6,48 %) ; en sixième par AOL Video (4,28 %) filiale de Time Warner ; et en septième par iFilm (2,28 %) acquis par Viacomm en octobre 2005.

Le huitième acteur du marché, Grouper.com, qui occupe 0,69 % de part de marché, apparaît donc comme le seul occupant une place reconnue mais financièrement abordable, et sans prendre de gros risque. D'ailleurs Sony n'a investi «que» 65 millions de dollars pour en prendre le contrôle.

En revanche, dans les mois à venir les autres géants des médias et d'Hollywood pourraient s'intéresser aux indépendants qui ont tenté l'aventure de la vidéo en ligne et disposent d'une plate-forme active. YouTube, bien entendu, mais peut-être un peu trop cher. Plutôt alors le numéro neuf Dailymotion.com (0,22 %) ou le numéro dix vSocial.com (0,09 %), autrement plus abordables financièrement.

D'autant que le marché des sites de vidéo en ligne ne se limite pas à… la vidéo en ligne. Comme tous les sites Web, la publicité reste un moteur et un modèle économique de premier plan et ces sites un relai incontournable pour ces publicités. D'ailleurs, une étude de l'IAB (Interactive Advertising Bureau) en juin dernier a révélé que la publicité vidéo en ligne a représenté 1,8 % des dépenses publicitaires en ligne en 2005, et devrait progresser rapidement jusqu'à atteindre 8 % en 2010.