Le PC, qui fête ses 25 ans, est appelé peu à peu à se «fondre» dans les objets d'usage courant, tandis que le téléphone portable deviendra l'interface privilégiée du dialogue entre l'Homme et les nombreuses machines «intelligentes» qui l'entoureront, prédisent les chercheurs japonais.

Le PC, qui fête ses 25 ans, est appelé peu à peu à se «fondre» dans les objets d'usage courant, tandis que le téléphone portable deviendra l'interface privilégiée du dialogue entre l'Homme et les nombreuses machines «intelligentes» qui l'entoureront, prédisent les chercheurs japonais.

Pionnier incontesté de l'électronique, le Japon a paradoxalement longtemps boudé le PC, une machine inadaptée, au départ, à l'écriture nippone faite de 2.000 idéogrammes et 92 caractères syllabaires.

Ce n'est qu'en 1995, avec la sortie de Windows 95, que l'usage des ordinateurs personnels s'est généralisé, supplantant enfin le papier, le boulier et les stylos dans les bureaux.

Mais au Japon, l'informatique personnelle se définit plus largement. Depuis belle lurette, elle est omniprésente. Sans forcément être visible.

Même si 80% des Japonais utilisent aujourd'hui un PC, «ces appareils ne représentent que 2% de l'ensemble des ordinateurs au sens large du terme», se plaît à dire Ken Sakamura, un professeur de l'Université de Tokyo considéré depuis vingt ans comme le grand visionnaire de l'informatique au Japon.

L'inventeur en 1984 du premier système d'exploitation (OS) libre, baptisé «Tron», inclut dans ses calculs tous les appareils à micro-processeur régis par un OS: téléphones portables, fax, photocopieurs, ascenseurs, moteurs de voiture, téléviseurs, climatiseurs, autocuiseurs de riz...

Pour les informaticiens japonais, l'ordinateur du futur sera un «mobile, haut-débit, toujours connecté et capable de communiquer avec tout, de sa propre initiative et selon divers protocoles».

Pour illustrer cette vision, M. Sakamura s'amuse régulièrement à présenter un PC de la taille d'une orange aussi puissant qu'une machine de bureau cent fois plus volumineuse, ainsi qu'un petit appareil baptisé «Ubiquitous Communicator», prototype du terminal mobile du futur.

Les scientifiques et le gouvernement nippons imaginent un monde où tous les objets doués d'intelligence informatique pourront dialoguer entre eux, en réseau, et avec l'Homme. Et ce grâce aux modes d'interaction les plus naturels possibles, comme la reconnaissance vocale, le regard... ou même la pensée.

Cette vision s'appuie sur deux principes de base: le réseau omniprésent (c'est-à-dire la possibilité permanente de se connecter grâce à tous types d'appareils sans même s'en soucier), et le recours à l'intelligence des «choses» pour se simplifier la vie et lutter contre les maux de la société (insécurité, vieillesse, désastres...)

Ce projet est défendu avec un enthousiasme particulier par les avant-gardistes opérateurs de télécommunications mobiles nippons.

Ces pionniers du secteur prévoient que le «keitai» (téléphone portable) deviendra l'interface de dialogue idéale entre l'Homme et son environnement. Le PC, longtemps au centre de tout, ne deviendra qu'un ordinateur parmi d'autres.

De fait, au Japon, le «keitai» a déjà détrôné le PC pour l'échange de mails, l'accès aux sites internet, ou l'achat de musique en ligne.

Il est en train de tailler des croupières aux cartes de crédit à puce pour le paiement dans les boutiques. Il sert de navigateur GPS, de système de télésurveillance pour la voiture ou le domicile, et même de télécommande domotique pour gérer la climatisation à distance.

Demain, on l'imagine capable de lire des étiquettes électroniques apposées partout (médicaments, produits alimentaires, vêtements, oeuvre d'art exposée dans un musée, arbre dans un parc..), de se connecter immédiatement à une base de données en réseau et de distiller sous forme visuelle, tactile ou sonore des informations à propos de ces objets.