On voit encore grand chez Research In Motion, l'entreprise ontarienne derrière les communicateurs personnels BlackBerry.

On voit encore grand chez Research In Motion, l'entreprise ontarienne derrière les communicateurs personnels BlackBerry.

Après avoir passé le seuil des cinq millions d'usagers, dans le secteur des affaires surtout, RIM cible le marché encore plus vaste des consommateurs technophiles.

« Notre prochaine cible est de 10 millions d'usagers. Et le marché des consommateurs avertis, même à 25 % de nos activités, demeure largement inexploité », a résumé Jim Balsillie, coprésident de RIM, devant ses actionnaires réunis mardi soir à Waterloo, près du siège social.

La prochaine grande étape vers cet objectif surviendra l'automne prochain, avec une nouvelle génération de BlackBerry qui aura de nouvelles capacités multimédias.

Le stockage et la diffusion d'images et de musique s'ajouteront aux fonctions courantes de téléphonie, de courriels et d'Internet sans fil.

« Nous préparons avec des partenaires des centaines d'applications de type grand public qui pourraient se greffer au BlackBerry, en complément des usages plus professionnels qu'on leur connaît maintenant », a dit M. Balsillie.

D'ailleurs, RIM annonçait récemment une alliance avec Apple, l'entreprise derrière les ordinateurs Mac mais surtout les baladeurs numériques Ipod.

Depuis cette annonce, des investisseurs et des analystes technophiles ont déjà surnommé « AppleBerry » la progéniture techno attendue de cette alliance.

Mais à l'assemblée d'actionnaires de RIM, mardi soir, Jim Balsillie a préféré la discrétion à ce sujet.

Au mieux, il a indiqué que RIM préparait des projets semblables avec de nombreux partenaires, question d'éviter de trop miser sur une même filière comme celle de Itunes, exclusive à Apple.

Pour sa part, le président-fondateur de RIM, Michael Lazaradis, aussi son grand stratège technologique, a insisté: les prochains BlackBerry multimédias seront encore plus conviviaux que leurs prédécesseurs.

« Ça demeure nos priorités technologiques: faire plus et mieux avec des appareils plus minces et plus légers, tout en renforçant la fiabilité et la sécurité de notre système », a dit M. Lazaridis.

Par ailleurs, en plus des progrès techniques des BlackBerry, RIM continue de pousser l'expansion de leur accès à la grandeur de la planète.

Pour le moment, l'Amérique du Nord compte encore pour la majorité du marché des BlackBerry.

Mais ça progresse beaucoup outre-mer avec la multiplication d'ententes avec des entreprises de téléphonie et d'Internet sans fil. RIM en prévoit une centaine d'autres cette année. En Europe notamment, mais aussi de plus en plus vers le vaste marché de l'Asie, par le Japon et la Chine en priorité.

Avec cette stratégie, RIM croit pouvoir maintenir une bonne longueur d'avance sur ses concurrents, comme Palm, Motorola et Nokia, qui lancent des communicateurs personnels.

Selon des analystes, le marché mondial de cette technologie de poche pourrait atteindre les 50 millions d'usagers dans cinq ans.

Pour le moment, RIM prétend aux deux tiers d'un marché mondial d'environ sept millions d'usagers. Et des analystes s'attendent à ce que cette part décline aux environs de 50 % d'ici 2010.

N'empêche, pareil scénario placerait RIM autour de 20 millions d'usagers, au moins trois fois leur nombre actuel.

Aussi, selon des analystes, RIM a mis au point sa technologie des BlackBerry en prenant grand soin de lui donner des particularités fortes.

En sécurité de communications, par exemple, RIM a obtenu des accréditations de plus haut niveau auprès de gouvernements et d'organisations militaires, dont Washington et Londres, le Pentagone et même l'OTAN.

Par ailleurs, RIM a mis au point une infrastructure de soutien aux usagers qui, avec ses centaines d'employés dans différents centres, est considérée « la norme » dans les télécommunications sans fil.

« RIM s'est doté de particularités qui seraient bien difficiles à répéter et équivaloir pour ses concurrents. C'est pourquoi les BlackBerry continueront d'être les mieux différenciés sur le marché pour un bon moment encore », a indiqué l'analyste Maynard Um, de UBS Investment Research, dans une note à ses clients, hier, après l'assemblée de RIM.

13,7 milliards de valeur boursière

À la Bourse de Toronto, l'action de RIM a reculé hier de 0,7 %, à 73,06 $. En fait, la valeur boursière de RIM, qui voisine tout de même les 13,7 milliards de dollars, vivote depuis plusieurs mois.

Des investisseurs semblent s'inquiéter du ralentissement de la croissance des abonnés et des résultats de RIM, ainsi que d'autres poursuites de violation de brevets comme celle intentée par la firme américaine NTP l'an dernier. Ce différent très médiatisé à Bay Street a été réglé à l'amiable en mars dernier par RIM avec un débours de 612 millions US.

Mais de l'avis d'analystes, ces craintes d'investisseurs seraient un peu exagérées, considérant la forte avance de RIM par rapport à ses concurrents et ses récents résultats financiers un peu mieux qu'attendu.

Leurs recommandations d'achat des actions dominent à trois pour une par rapport aux avis de vente. Mais leur prix cible en Bourse d'ici un an varie beaucoup, de 80 à 120 $ l'action.