Le site américain MySpace.com, deuxième portail le plus populaire aux États-Unis derrière Yahoo!, vire au phénomène de l'Internet bien au-delà des frontières de son pays natal.

Le site américain MySpace.com, deuxième portail le plus populaire aux États-Unis derrière Yahoo!, vire au phénomène de l'Internet bien au-delà des frontières de son pays natal.

Sur la page d'accueil, le sous-titre «Un endroit pour les amis» résume la philosophie de MySpace.

C'est un site de socialisation (social networking en anglais) au mode d'emploi simple. On y ouvre gratuitement sa page personnelle, pour parler de soi, ses goûts, ses coups de coeur. Les autres membres, séduits par une photo ou des affinités communes, cherchent le contact. Leur tentative sera acceptée ou repoussée. Le réseau se crée progressivement.

«Dès que tu as un page digne de son nom, tu peux aller à la pêche aux amis», raconte à l'AFP Topper Harley, un usager français de 26 ans. Il dit en avoir réuni 300 en six semaines.

Topper est passionné de musique des sixties et aime faire le DJ dans des soirées à Paris.

Comme pour beaucoup d'artistes amateurs, MySpace lui permet de populariser son travail, en l'occurrence publier des sélections musicales et recueillir des suggestions pour les renouveler. Il dialogue en temps réel avec des groupes américains grâce à MySpace.

«Je voulais créer mon site mais j'ai trouvé l'alternative. En plus tu peux publier des billets d'humeur comme sur un blog», ajoute Topper.

«C'est aussi un bon moyen de perdre du temps au boulot comme avec MSN Messenger», lâche-t-il en rigolant.

MySpace, fondé en 2003, a été racheté en 2005 pour 580 millions de dollars par le conglomérat News Corporation, intéressé par le potentiel en terme de publicité. Le site compte actuellement quelque 85 millions de membres à travers le monde, et affirme en accueillir 250 000 chaque jour.

Mais la semaine dernière il a surgi à la une de l'actualité aux États-Unis pour des raisons bien indépendantes de sa volonté.

Une adolescente texane de 14 ans a porté plainte contre le site, lui reprochant de ne pas l'avoir suffisamment mise en garde contre les risques associés au «chat» en réseau. Elle prétend avoir été agressée sexuellement par un étudiant de 19 ans rencontré via le site.

MySpace, qui se voit réclamer 30 millions de dollars de dommages et intérêts, a refusé de commenter la plainte.

Face à l'ampleur prise par le débat sur la menace des «cyber-prédateurs» sexuels, les dirigeants ont néanmoins décidé plusieurs mesures, dont l'interdiction pour les majeurs (18 ans ou plus) de chercher à être listés comme «amis» de jeunes de 14-15 ans, à moins de connaître déjà leur adresse courriel ou leur nom complet.

Certaines voix critiques ont immédiatement souligné qu'un adulte pouvait mentir sur son âge pour contourner ces mesures, et avoir malgré tout accès au journal intime virtuel de l'adolescent.

«L'absence de vérification de l'âge est un des défauts majeurs» de MySpace, a déclaré Richard Blumenthal, ministre de la Justice du Connecticut, disant parler au nom de 20 homologues d'autres Etats réclamant plus de contrôle.

Selon M. Blumenthal, «ces vérifications existent pour acheter de l'alcool ou des cigarettes» et il est facile «technologiquement et financièrement» de les mettre en oeuvre.

Pour Phil Leigh, du cabinet Inside Digital Media, une des forces de MySpace est d'être adossé à News Corp, qui pèse 24 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel. Le portail «aura les ressources pour répondre à la pression de la concurrence et innover», notamment dans la sécurité, dit cet expert.

D'autres analystes soulignent que MySpace.com --numéro deux en terme de pages consultées aux États-Unis-- compte aussi parmi les six destinations favorites pour une recherche sur internet, et qu'il y a moyen d'augmenter nettement les recettes publicitaires en s'associant avec la technologie de recherche sponsorisée de Google, Yahoo! ou MSN.

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