Lancés il y a cinq ans, les réseaux CPL (courant porteur en ligne) devraient décoller d'ici la fin de l'année, après avoir été longtemps négligés au profit du Wi-Fi pour établir un réseau internet à la maison, selon les industriels.

Lancés il y a cinq ans, les réseaux CPL (courant porteur en ligne) devraient décoller d'ici la fin de l'année, après avoir été longtemps négligés au profit du Wi-Fi pour établir un réseau internet à la maison, selon les industriels.

Dans sa version à domicile (indoor), la technologie CPL permet de créer, à la maison ou dans une petite entreprise, un véritable réseau de transport de données numériques, comme internet ou des programmes de télévision, sans aucun câblage spécifique, en passant par le réseau électrique.

Connue depuis longtemps, et aujourd'hui considérée comme fiable, cette technologie utilisant de simples petits boîtiers insérés sur les prises de courant permet de séparer les signaux à basse fréquence, comme le courant alternatif, et les ondes de haute fréquence transportant les données numériques.

L'utilisation du même câblage ne perturbe ni l'alimentation électrique ni les équipements qui y sont connectés.

Dans sa version extérieure (outdoor), le CPL permet de distribuer l'internet à haut débit dans un territoire donné, via l'infrastructure moyenne et basse tension. Les élus locaux, sollicités par leurs administrés, y trouvent une des solutions pour pallier les problèmes liés à la technologie ADSL qui ne peut transférer un débit suffisant au-delà de 6 à 8 km d'un central téléphonique.

C'est le cas par exemple dans le département de la Manche qui a inauguré l'an dernier la première offre commerciale d'internet haut débit sur réseau électrique. La région Ile-de-France a annoncé il y a quelques jours qu'elle allait utiliser le CPL pour raccorder 86 communes, soit 1,5 million de foyers situés dans la couronne parisienne.

Le CPL s'est développé autour d'un forum de certification, nommé «HomePlug», qui utilisait des technologies permettant des capacités de transfert de 14 à 85 mégabits par seconde. Aujourd'hui, il peut utiliser de nouveaux composants, comme les «chipsets» (jeux de circuits) fabriqués par l'espagnol DS2, offrant des débits garantis de 200 Mbits/seconde. Ce qui est beaucoup mieux adapté que le Wi-Fi pour apporter le signal à des téléviseurs haute définition (HD).

Le CPL s'appuie également sur la forte croissance du marché de la télévision par ADSL, qui devrait enregistrer au-moins 500 000 nouveaux clients en 2006, selon l'institut d'étude Gfk.

«On a fait fausse route au départ, car on a voulu utiliser le CPL pour faire communiquer des appareils numériques au sein de la maison, comme le fait le Wi-Fi. Mais le vrai intérêt du CPL va apparaître maintenant», estime le directeur de Siemens Communications Devices Philippe Segonds.

«La technologie CPL permet aujourd'hui ce qui manquait aux premières générations: un débit suffisant, ainsi qu'une qualité de service et une fiabilité excellente, car les produits savent mieux gérer la priorité des flux, faisant passer la télévision avant la connexion de l'ordinateur«, explique Ahmed Selmani, directeur des Terminaux résidentiels chez Sagem.

L'an dernier, les ventes d'équipements CPL pour la maison n'ont pas dépassé 50 000 pièces en France.

Cette année, les fabricants, parmi lesquels dominent les marques Devolo (leader européen), Sagem et Netgem, prévoient de vendre au moins 200.000 kits. «Le CPL décollera surtout au quatrième trimestre car il constituera, grâce à des prix subventionnés par les opérateurs et les chaînes de télé, un des cadeaux de fin d'année avec la HD», pronostique un revendeur.