Dell, le premier vendeur mondial d'ordinateurs, cède des parts de marché à son principal rival Hewlett-Packard (HP) depuis plusieurs mois, et a décidé d'arrêter de se fournir exclusivement chez Intel en processeurs afin de varier son offre.

Dell, le premier vendeur mondial d'ordinateurs, cède des parts de marché à son principal rival Hewlett-Packard (HP) depuis plusieurs mois, et a décidé d'arrêter de se fournir exclusivement chez Intel en processeurs afin de varier son offre.

Dell a annoncé jeudi soir, parallèlement à ses résultats trimestriels, qu'il équiperait d'ici la fin de l'année certains de ses serveurs à processeurs multiples avec des produits d'Advanced Micro Devices (AMD), le principal concurrent d'Intel.

Cela ne signifie pas la fin de la relation commerciale avec Intel, qui restera la principale source d'approvisionnement en puces, a assuré le PDG de Dell, Kevin Rollins.

Mais «après des années de spéculation (..) le premier fabricant mondial de PC a brisé la relation qui faisait d'Intel son fournisseur unique et relevé le statut d'AMD sur le marché», a relevé la banque Credit Suisse.

Les groupes HP, IBM et Sun Microsystems avaient déjà tous adopté pour leurs serveurs la puce Opteron d'AMD, ce qui a permis à ce dernier de voir sa part du marché mondial des microprocesseurs gagner environ 5 points en 2005 et avoisiner désormais les 20%.

A Wall Street, le sentiment est désormais que la croissance d'AMD va dépasser celle du marché des ordinateurs dans son ensemble. Vendredi vers 16H10 GMT l'action AMD bondissait d'environ 9%, tandis que celle d'Intel reculait de 1,7%.

Dell avançait de 1,09% à 24,19 dollars, cédant une bonne partie de ses gains à l'ouverture du marché (+4,2%).

Les avis des analystes étaient partagés sur le géant informatique texan, la plupart soulignant d'abord que le recul de 18% de son bénéfice net trimestriel était attendu depuis que Dell avait prévenu le 8 mai que sa rentabilité souffrirait des réductions de prix.

La banque Citigroup a relevé vendredi de «vendre» à «détenir» sa recommandation sur Dell, estimant que l'action avait déjà suffisamment baissé récemment (d'environ 25% depuis la mi-février quand elle valait encore 32 dollars).

De son côté, Richard Farmer, de Merrill Lynch, a relativisé l'impact de la diversification de l'offre. «Avoir du AMD dans ses serveurs pourrait aider modestement» le groupe, a-t-il noté. Le matériel haut de gamme en question s'écoule en relativement faibles volumes.

Pour M. Farmer un des enseignements principaux de son début d'année pénible est que Dell voit «décliner l'avantage» dont il bénéficiait jusqu'alors sur ses rivaux grâce à un mode de vente directe moins coûteux (par téléphone ou internet plutôt qu'en magasins, ndlr).

«Apple et d'autres ont changé la psychologie» des consommateurs en faisant du matériel informatique des accessoires à la mode «avec lesquels un contact physique est important», relève l'expert de Merrill Lynch.

Rob Semple, de Credit Suisse, «ne pense pas que le modèle d'entreprise de Dell soit cassé, mais plutôt qu'un ensemble de facteurs --le type de clientèle, la géographie-- le désavantagent».

Dell est moins puissant dans les produits grand public et dans les pays émergents, deux terrains générant actuellement de la croissance pour l'industrie.

Aujourd'hui, poursuit M. Semple, les rivaux de Dell comme HP ont étendu leur présence, redoré leurs finances, et risquent de riposter du tac au tac aux baisses de prix ciblées sur les pays émergents (Asie, Europe de l'est).

Hewlett-Packard a annoncé cette semaine un bond de 51% de son bénéfice net lors du trimestre achevé en avril, grâce à de bonnes ventes d'ordinateurs portables et à la poursuite des réductions de coûts dans le cadre de sa restructuration annoncée à l'été 2005.

Selon les analystes, les marges bénéficaires de HP devraient encore progresser dans les mois à venir car la restructuration n'est qu'à mi-parcours.

Le 30 avril, seulement 8.100 des 15.300 suppressions d'emplois prévues d'ici fin 2006 étaient intervenues, a noté Citigroup.

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