Le processeur destiné à l'électronique grand public se voulait plus rapide et plus puissant que les modèles des groupes occidentaux. Il s'agissait en fait d'une copie...

Le processeur destiné à l'électronique grand public se voulait plus rapide et plus puissant que les modèles des groupes occidentaux. Il s'agissait en fait d'une copie...

La Chine avance à pas de géants dans le secteur des hautes technologies. Mais parfois, vitesse rime avec précipitation et mensonge. Et l'Empire du Milieu paye aujourd'hui les frais d'un scandale dont il se serait bien passé.

C'est l'histoire d'un chercheur star en Chine. Chen Jin est un spécialiste de la microélectronique. Formé aux États-Unis, salarié du géant Motorola, il «revient au pays» en 2000. À cette époque, il met au point la première puce électronique DSP (Digital Signal Procesor) made in China aux performances comparables aux composants occidentaux.

L'homme devient alors un héros national. Il est nommé oyen à 35 ans d'une université bâtie rien que pour lui. Le gouvernement souhaite développer un programme national (Hanxin) basé sur ce processeur. Objectif: mettre en place une indépendance technologique.

Et les premiers résultats sont là, puisque le chercheur annonce très vite des évolutions plus rapides de sa puce.

Mais ces pas de géants laissent perplexes. Des rumeurs commencent à circuler en 2005. Elles se vérifient aujourd'hui. Il est ainsi démontré que les travaux de Chen Jin sont en fait une imposture.

«Il est établi que les résultats produits par M.Chen sont faux. Le programme Hanxin est arrêté. Le chercheur est licencié et perd tous les privilèges associés», annonce sèchement un communiqué commun du gouvernement et de l'université de Jiaotong.

Pire, l'homme devra rembourser les importantes subventions que lui a versées l'Etat. Enfin, il ne pourra plus travailler dans la recherche.

En fait, les puces de Chen Jin sont des copies des processeurs de Motorola, son ancien employeur ! Selon un journal chinois, cité par Libération, les puces étaient fabriquées par une ancienne filiale de Motorola et le chercheur payait des ouvriers pour qu'ils effacent la marque d'origine et ajoutent la sienne...

La Chine se retrouve donc face à un scandale sans précédent. Mais elle paye le prix de sa politique. Car l'Empire du Milieu cherche absolument a s'imposer sur le marché des nouvelles technologies et exerce une pression importante sur ses scientifiques. À l'image des sportifs, représentants forcés et zélés du succès du modèle communiste chinois. Mais à trop vouloir en faire, on franchit parfois le rubicon.