Avec l'arrivée du beau temps et l'imminence des déménagements, les Bell Canada et Vidéotron de ce monde redoublent d'ardeur pour séduire les consommateurs. Ce qu'ils veulent : devenir le « guichet unique » qui offrira les services de téléphone, d'Internet et de télévision, le tout accompagné de quelques gadgets irrésistibles. Magasiner ces forfaits peut être rebutant. Histoire de démêler tout cela, nous avons fait les premiers pas, qui pourraient inspirer votre propre démarche...

Avec l'arrivée du beau temps et l'imminence des déménagements, les Bell Canada et Vidéotron de ce monde redoublent d'ardeur pour séduire les consommateurs. Ce qu'ils veulent : devenir le « guichet unique » qui offrira les services de téléphone, d'Internet et de télévision, le tout accompagné de quelques gadgets irrésistibles. Magasiner ces forfaits peut être rebutant. Histoire de démêler tout cela, nous avons fait les premiers pas, qui pourraient inspirer votre propre démarche...

La concurrence fait rage parmi les fournisseurs de téléphone, de câble et d'Internet. Question : les consommateurs peuvent-ils tirer profit de cette guerre ?

Réponse : il y a place pour beaucoup de magasinage ! C'est ce que nous avons fait, par téléphone d'abord, puis en complétant les informations dans les sites Internet des entreprises.

Dans la grande région de Québec, trois joueurs offrent les trois services. Il s'agit, d'une part, de deux entreprises majeures, Bell et Vidéotron. D'autre part, pour les résidants de la couronne nord de Québec, le choix se fait plutôt entre Bell et la Coopérative de câblodistribution de l'arrière-pays (CCAP). Par ailleurs, Telus (anciennement Québec Téléphone) dessert les régions de Portneuf, de la Beauce, de Montmagny, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et de la Côte-Nord. Cette entreprise fait également des percées dans les grands centres.

Nous nous sommes arrêtés aux trois premiers, parce qu'ils offrent les trois services, et peuvent ainsi offrir certaines réductions si vous choisissez un trio.

Voici le scénario. Notre consommateur fictif a besoin du service téléphonique de base, auquel il souhaite ajouter quatre options et un forfait interurbain, couvrant au moins le Québec. Il choisira l'Internet « intermédiaire », et il souhaite un câble « de base », mais pas de télévision payante, ni à la carte.

Ces choix vont toutefois varier légèrement selon les propositions de chaque fournisseur.

Il faut aussi préciser que Bell n'offre pas encore la téléphonie numérique à part entière dans la région de Québec. Elle propose la « téléphonie numérique de base », qui sert plutôt de deuxième ligne accessible partout dans Internet, pour les gens qui ont à se déplacer souvent. C'est pourquoi nous avons considéré le téléphone « classique ».

La conclusion de notre magasinage: une différence d'à peine 9 ¢ entre Vidéotron et Bell, tandis que nous avons réussi à nous bricoler un forfait à neuf dollars de moins par mois du côté de la CCAP. Sauf qu'il n'est pas accessible à tous... Par ailleurs, cette conclusion n'est pas universelle, et les besoins et demandes de chacun font facilement varier la facture.

Vidéotron

Première constatation: Vidéotron offre les meilleurs prix pour le téléphone, mais le câble de la filiale de Quebecor coûte plus cher que l'ExpressVu de Bell, tout en offrant moins de canaux.

Il faut toutefois préciser que nous avons décliné l'offre de terminal numérique Illico, puisqu'il fallait acheter l'appareil, ce qui aurait faussé notre comparaison. La préposée au service à la clientèle suggère de surveiller les rabais dans les magasins d'électronique (Vidéotron le vend à partir de 99 $), ou de surveiller le marché des usagers. Parce que les forfaits offerts sur Illico pourraient faire diminuer la facture, assure-t-elle.

Reste que le câble revient assez cher : 38,05 $, contre 27 $ pour ExpressVu, incluant la location du récepteur.

Côté téléphone, le service de base est le moins coûteux, et le forfait interurbain est avantageux.... à condition d'être abonné aux trois services. Les interurbains sont également gratuits entre abonnés Vidéotron. Par ailleurs, le consommateur peut se contenter d'une ou deux options pour son téléphone, puisqu'elles sont offertes à la carte, et non en forfait.

Enfin, il est important de lire les petits caractères. Les tarifs sont souvent conditionnels à un engagement de 12 mois, ce qui veut dire que si vous abandonnez le service durant cette période, il y aura des frais à assumer.

Chez Bell

La surprise chez Bell est de s'apercevoir que les tarifs de téléphone sont les plus élevés chez la compagnie qui porte le nom de l'inventeur !

Réglementation oblige, explique Claude Rousseau, vice-président Ventes grandes entreprises et secteur public, Québec, chez Bell Canada. Les services de téléphonie locale, qu'ils passent par le traditionnel fil de cuivre ou par la technologie IP, sont encadrés par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). La récente décision du CRTC sur ce dossier était que les anciens monopoles devaient avoir perdu 25 % de leurs parts de marché avant de pouvoir se soustraire à ces règles, histoire de faire de la place à la concurrence.

Mais les entreprises ont répliqué que la compétition est déjà bien installée en ce qui concerne le service IP, puisqu'il s'agit d'une extension d'Internet, a précisé M. Rousseau. Le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, s'est montré sensible à ces arguments et a demandé au CRTC de revoir la décision.

En attendant, le service de base qu'on nous a proposé est plus élevé que celui des deux autres, à 23,59 $. Le forfait interurbain qui nous a intéressé est celui à 18 $, qui permet de placoter durant 20 heures, en tout temps, aux États-Unis et au Canada. Enfin, ajoutez quatre options (affichage, appel en attente, boîte vocale et renvoi) pour 15,95 $, et la facture téléphonique seule grimpe à 57,90 $. À noter que la préposée au service à la clientèle ne nous a mentionné aucune réduction pour un « trio ». Étrange, alors que Bell axe sa stratégie sur l'offre de « bouquets de services ».

Bell Canada se rattrape sur la facture totale. Internet et Express-Vu sont offerts à des prix plus bas, ce qui permet à la doyenne des entreprises de télécommunications de nous facturer seulement 9 ¢ de plus pour le trio... Mais il faut garder en tête qu'un décodeur Express-Vu, contrairement au câble, ne sert qu'un seul appareil de télévision.

Bref, pour tirer le meilleur parti des deux joueurs majeurs, il vaut mieux évaluer dans le détail ses vrais besoins. La véritable économie, c'est d'éviter de payer pour des services qui ne sont pas absolument nécessaires.

CCAP

Point de vue prix, la palme revient à la Coopérative de câblodistribution de l'arrière-pays, qui ne dessert par contre qu'une faible partie de la population de Québec. La CCAP, qui offre la téléphonie numérique, rencontre nos demandes avec une facture qui totalisera 90,55 $. Avec quelques bémols.

La CCAP n'a pas réussi à s'entendre avec Bell pour le transfert des numéros de téléphone. Elle vous en fournit un nouveau... qui ne sera pas publié dans l'annuaire téléphonique de Bell.