Un investissement dans les TIC pourrait aider les entreprises canadiennes.

Un investissement dans les TIC pourrait aider les entreprises canadiennes.

Il ne fait pas de doute que la hausse de la valeur de la devise canadienne aura un impact sur le cours des affaires des entreprises canadiennes. Celles qui exportent leurs produits seront les premières à le constater, mais dans tous les cas, le mot d'ordre est: productivité. La hausse-surprise de 2,2 % de la productivité en 2005, ne doit pas faire oublier qu'elle arrive après deux années où il n'y a eu pratiquement aucune croissance de ce côté.

En particulier, les technos canadiennes ont connu une importante baisse de productivité, depuis le tournant du millénaire. Cette débâcle de l'industrie a pesé lourdement sur toute l'économie, dont le taux de productivité a crû de seulement 0,1 % en 2003 et, encore plus inquiétant, est resté neutre en 2004.

Pendant ce temps, l'industrie américaine haussait son propre taux de 8 %, faisant ainsi baisser la productivité des entreprises canadiennes à 74 % de celle de leurs concurrentes américaines.

L'année précédente, elle était à 81 %. L'an dernier, malgré son bon résultat, le Canada a encore reculé de 0,5 % à ce chapitre, les États-Unis ayant enregistré un gain de productivité supérieur, à 2,5 %. «Il s'agit cependant du plus faible recul qu'ait connu le Canada depuis 2000», indique Statistique Canada, l'organisme d'où ces chiffres sont issus.

Les TIC influencent la productivité

«Il semble que la croissance rapide de la productivité aux États-Unis ait été causée par une accélération dans le rythme des changements technologiques», constatait récemment Andrew Sharpe, directeur du Centre d'études canadien sur le niveau de vie.

«La seconde moitié des années 90 a connu une croissance grâce aux technologies de l'information et des communications (TIC), et tout indique que, depuis l'an 2000, ce phénomène se soit accéléré» chez nos voisins du Sud, dit M. Sharpe.

Au Canada, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit, et les technos y sont pour quelque chose. Au cours des années 90, leur productivité a crû à un rythme moyen de 11 %, mais ces dernières années, celle-ci a grandement diminué, pour se fixer à environ 1 % par an.

«Depuis l'an 2000, le Canada a connu un taux de croissance de l'investissement dans les TIC beaucoup plus faible que pendant la décennie précédente, et la rapidité de leur adoption par l'industrie canadienne a elle aussi été beaucoup plus lente qu'auparavant», estime M. Sharpe.

Pourtant, une majorité écrasante de Canadiens semblent s'entendre sur le fait que l'utilisation de nouvelles technologies a un impact positif quasiment immédiat sur la productivité d'une entreprise.

Selon un sondage de la firme Ipsos publié au début du printemps, 84 % des employés de bureau estiment que la seule possibilité de pouvoir prendre son courrier électronique à distance, à partir d'un cellulaire, par exemple, augmenterait leur productivité.

L'adoption rapide peut rapporter gros

Malgré cela, le Canada demeure le pays industrialisé où la pénétration du sans-fil est la plus faible, et personne ne semble pressé d'intervenir. À l'opposé, un pays comme la Corée, où le gouvernement a eu le flair de tapisser son territoire de fibre optique, semble avoir frappé le gros lot. Aujourd'hui, ce petit pays asiatique est en train de se bâtir une solide industrie des technos, conséquence directe d'un investissement public original et visionnaire.

Anne Kirah, anthropologue globe-trotter employée par Microsoft pour parcourir la planète, l'a constaté de visu. «Grâce à la prescience de leur gouvernement, les Coréens comptent aujourd'hui parmi les utilisateurs de TIC les plus influents au monde», dit-elle.

Le Canada et le Québec n'ont peut-être pas l'ambition de la Corée, mais les deux gouvernements pourraient s'inspirer de ce cas: pas besoin d'engloutir des centaines de millions de dollars dans un capital-risque incertain pour faire fleurir les technos.

Au contraire, il suffit de leur donner les outils qu'ils demandent. S'ils veulent plus de mobilité, rien de plus simple. Il risque fort d'en résulter de nouvelles pratiques de travail qui feront augmenter la productivité de l'ensemble des travailleurs du pays.

Cette meilleure productivité, à son tour, réduira le poids d'une devise qui, à plus de 90 cents US, est bien au-delà des prévisions que les analystes ont pu faire ces derniers mois. Un poids qui pèse de plus en plus lourd sur les épaules de nombreuses entreprises canadiennes.