Microsoft continue de perdre de l'argent avec sa console de jeux vidéo Xbox 360 au moment où il doit aussi doper ses investissements dans Internet face une concurrence redoutable, ce dont Wall Street s'inquiétait fortement hier.

Microsoft continue de perdre de l'argent avec sa console de jeux vidéo Xbox 360 au moment où il doit aussi doper ses investissements dans Internet face une concurrence redoutable, ce dont Wall Street s'inquiétait fortement hier.

L'action du numéro un mondial des logiciels a chuté de 11,38 % à 24,15 dollars US, hier tandis que l'indice NASDAQ regroupant les principales valeurs technologiques a reculé de 0,95 %.

Jeudi après la clôture, Microsoft a publié un bénéfice net en hausse de 16 % pour son trimestre achevé en mars, mais a aussi dit tabler sur un bénéfice par action inférieur d'environ 10 % à ce que le marché attendait jusqu'alors pour l'exercice fiscal 2006/07 qui démarrera en juillet.

Le groupe a justifié cet avertissement par la nécessité d'investir dans les services Internet, afin d'attirer davantage d'annonceurs publicitaires et mieux résister au duo de tête dans la recherche en ligne, Google et Yahoo!. Ainsi il a relevé de 2 à 2,5 milliards de dollars US son objectif de dépenses d'exploitation pour 2006/07.

À l'automne déjà, Microsoft avait annoncé qu'il voulait désormais utiliser le Web pour promouvoir ses logiciels-vedettes, l'idée étant de lier la future plate-forme Windows " Live " (accessible en ligne) au portail MSN. Il était resté flou sur le calendrier.

Des investissements

«Microsoft réalise que pour être concurrentiel dans les activités qui ne sont pas son coeur de métier il doit réaliser des investissements de taille», a commenté Brent Hill, de Citigroup.

«Il est clair pour nous que le groupe est confronté à son virage le plus stratégique en près de 10 ans, alors que les services Internet semblent prêts à bousculer la place centrale du PC dans l'informatique», a-t-on renchéri chez Credit Suisse First Boston (CSFB).

Dans Internet, Microsoft affiche encore de pâles résultats: MSN a subi une perte d'exploitation trimestrielle de 26 millions (tous les montants sont en dollars américains), sur fond de ventes en recul de 3 %. Le portail est à la traîne dans la recherche, et a connu des pertes de parts de marché «significatives» au dernier trimestre, a souligné Safa Rashtchy, de Piper Jaffray.

Au palmarès des contre-performances, MSN n'est battu que par la division «Maison et Divertissement» chapeautant la console Xbox, dont la perte d'exploitation s'est creusée à 388 millions en raison de coûts de lancement très élevés.

De l'avis de la plupart des courtiers, certes il faut faire en sorte que ces divisions cessent d'être des boulets, et les dépenses que Microsoft y consacre devraient assurer leur croissance à long terme. «Nous n'avons pas de raison de croire que cela ne sera pas couronné de succès», a-t-on relevé chez SG Cowen.

À court terme

Mais à court terme, il y a lieu de s'inquiéter.

Les analystes de CSFB estiment ainsi «ridiculement élevées» les dépenses envisagées par le groupe. Ils ont abaissé de 29 à 27 dollars leur objectif de progression de l'action en Bourse d'ici à douze mois, alors que celle-ci est coincée depuis quatre ans dans la marge 25-30 dollars.

Concernant la Xbox 360, le produit phare de 2006 après le report à 2007 du lancement du système d'exploitation Vista pour les PC grand public, Microsoft a en écoulé 1,75 million d'exemplaires au dernier trimestre, soit 3,25 millions depuis son lancement fin 2005 sur les principaux marchés (Japon, Amérique du Nord, Europe).

Confronté à des problèmes de pénurie, le groupe a promis de efforts redoublés pour approvisionner les distributeurs. «Le groupe a effectué des changements logistiques comparé à la première version de la Xbox et il pense que ceux-ci vont payer», a simplement commenté Joe Wilcox, du cabinet d'études Jupiter Research.