Au quatrième jour du procès qui les oppose, Microsoft et la Commission européenne se sont affrontés jeudi dans une nouvelle bataille d'experts, tandis que les juges de la Cour européenne continuaient à les inonder de questions.

Au quatrième jour du procès qui les oppose, Microsoft et la Commission européenne se sont affrontés jeudi dans une nouvelle bataille d'experts, tandis que les juges de la Cour européenne continuaient à les inonder de questions.

Dans la matinée, la Commission a multiplié les interventions d'économistes et d'experts afin de démontrer au Tribunal de Première instance que Microsoft n'offrait pas à ses concurrents les informations techniques suffisantes pour pouvoir dialoguer ou «interopérer» avec son système d'exploitation vedette Windows.

En mars 2004, lorsqu'elle a condamné le groupe pour abus de position dominante à une amende record d'un demi-milliard d'euros, la Commission avait en effet accusé le numéro un mondial des logiciels de protéger excessivement ses protocoles informatiques et l'avait sommé d'en divulguer une partie.

«J'ai apprécié les flatteries de Microsoft», qui a assuré mercredi que le logiciel pour serveurs Samba était «une solution interopérable complète», a déclaré jeudi l'inventeur de Samba, Andrew Tridgell, témoin vedette de la Commission jeudi.

Malheureusement, selon le programmeur, ce n'est pas vrai. Depuis son lancement il y a 16 ans, «Samba est toujours loin de fournir l'interopérabilité attendue par les consommateurs», a-t-il regretté, estimant que le très populaire logiciel libre avait «encore dix ans de retard sur Microsoft».

Par un procédé baptisé «rétro-ingénierie», l'équipe d'Andrew Tridgell est ainsi parvenue à identifier 13 000 lignes de protocoles d'Active Directory, le service de répertoire de Microsoft inclus dans Windows, soit «moins de la moitié», a expliqué l'Australien.

Mais ce procédé est «lent et inefficace», a-t-il déploré, et «relègue les concurrents de Microsoft à la place d'éternels seconds» car leurs produits ne sont pas complètement interopérables avec Windows, qui équipe plus de 9 ordinateurs sur 10 dans le monde.

L'informaticien a battu en brèche les assertions de Microsoft sur le fait que les informations demandées par la Commission étaient confidentielles et violaient des brevets déposés par l'américain.

«Nous voulons juste interopérer et pour parler le même langage informatique que Windows, nous n'avons pas besoin de son ADN», a affirmé Andrew Tridgell, selon lequel Microsoft «aurait pu facilement fournir une grande partie de l'information demandée par la Commission mais a refusé de le faire».

Si, dans leurs plaidoieries, les avocats de la Commission parviennent depuis lundi à rivaliser avec leurs adversaires représentant Microsoft, ils perdent souvent leur assurance lorsqu'il sont interrogés par les juges.

Jeudi, les deux défenseurs de la Commission, l'Irlandais Anthony Whelan et l'Espagnol Fernando Castillo della Torre, n'ont ainsi guère convaincu face à la machine de guerre Microsoft.

Lorsque le juge rapporteur John Cooke leur a lancé que, »d'un point de vue commercial, l'information (nécessaire à l'interopérabilité, ndlr) était de grande valeur» et que par conséquent il ne voyait pas pourquoi la Commission le considérait comme un simple «secret commercial», les deux hommes se sont perdus en explications peu convaincantes.

Le procès doit s'achever vendredi soir. Toutefois, le Tribunal ayant pris un peu de retard, il pourrait, si nécessaire, se prolonger samedi.

La décision ne sera rendue qu'à la fin 2006, voire au premier semestre 2007.

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