Contrairement à l'audiovisuel, l'écrit n'a pas vraiment basculé dans l'univers numérique. Résistance des lecteurs? Attachement indéfectible au papier?

Contrairement à l'audiovisuel, l'écrit n'a pas vraiment basculé dans l'univers numérique. Résistance des lecteurs? Attachement indéfectible au papier?

«On n'a pas encore l'équivalent du iPod pour l'écrit», explique Roanie Levy, directrice affaires juridiques et relations gouvernementales pour Access Copyright Canada. «Pour plusieurs, il est encore encombrant de lire un ouvrage littéraire en ligne. Mais nous aurons très bientôt des écrans portables tout à fait propices à la lecture; nous aurons en 2007 l'équivalent littéraire du iPod. Les changements qu'on a vus dans la musique ces dernières années, on les observera alors dans le texte.»

«Par exemple, renchérit-elle, la puissante chaîne américaine de librairies Borders vendra d'ici six mois des prototypes de cet écran convivial. Nous aurons peu de temps pour nous assurer que des modèles d'affaires légaux puissent rejoindre les nouveaux utilisateurs. Le consommateur de demain n'aura donc plus cet attachement à l'objet, ne sentira plus le besoin d'avoir sa propre banque de données. Elle sera toujours disponible en ligne.»

Roany Levy était invitée hier à commenter les perspectives d'une nouvelle législation canadienne sur le droit d'auteur dans le cadre du 6e Symposium international sur le droit d'auteur organisé par l'Union internationale des éditeurs. Cette conférence s'ouvrait au lendemain de la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur.

Qu'adviendra-t-il, au fait, du projet de loi C-60 mis de l'avant par l'ex-gouvernement libéral et qui vise à actualiser le droit d'auteur au Canada?

«Nous ne verrons pas de changements tangibles dans les 12 prochains mois, pense Roanie Levy. Qui sait ce que nous réserve la politique fédérale? Sous un gouvernement minoritaire conservateur, on serait plus axé vers le commerce tandis que du côté des libéraux, on aurait tendance à créer des systèmes de gestion gouvernementale afin que les échanges de contenus puissent se faire dans un environnement numérique. D'ici un an, l'environnement ne cessera d'évoluer et l'influence de nouveaux intervenants, les utilisateurs d'Internet notamment, se fera sentir davantage.»

Conférencier invité au Symposium international sur le droit d'auteur, le chef de direction de Quebecor Media a mis en garde les éditeurs contre toute résistance à la révolution numérique. «Le monde de l'écrit, croit Pierre Karl Péladeau, ne doit surtout pas s'imaginer à l'abri de ce que traversent les industries de la musique et de l'audiovisuel. En juillet dernier, le sixième tome de Harry Potter s'est retrouvé sur des sites peer-to-peer alors que l'éditeur n'avait pas envisagé l'offrir légalement dans Internet.»