The Hour, 24, les nouvelles de RDI: toutes ces émissions peuvent désormais être écoutées sur un téléphone portable. Mais ce n'est pas demain la veille que le sans-fil supplantera la télé traditionnelle dans le coeur des utilisateurs, loin de là.

The Hour, 24, les nouvelles de RDI: toutes ces émissions peuvent désormais être écoutées sur un téléphone portable. Mais ce n'est pas demain la veille que le sans-fil supplantera la télé traditionnelle dans le coeur des utilisateurs, loin de là.

C'est ce qu'a fait valoir hier un expert du Centre de recherches sur les communications (CRC), Bernard Caron, pendant une conférence portant sur «l'interaction humain-machine».

«C'est bien beau de dire qu'on va pouvoir regarder les émissions de télévision sur les cellulaires, ce n'est pas certain qu'il y a un public et un marché pour ça, a-t-il souligné. Personne ne sait quelle est la grosseur de ce marché-là ou combien on est prêt à payer pour ces émissions-là.»

Ces derniers mois, Rogers, Bell et Telus ont toutes trois commencé à offrir la télé sur sans-fil au Canada. Pour 10 à 20 $ par mois, ces sociétés offrent à leurs clients la possibilité de regarder une dizaine de chaînes en direct. Certaines proposent aussi des capsules conçues spécialement pour les portables et axées sur l'information et le divertissement. Par exemple, on peut voir un résumé du dernier match du Canadien.

Malgré cette évolution récente, le visionnement d'une émission sur un téléphone cellulaire comporte toujours plusieurs désagréments, a rappelé Bernard Caron.

La faible autonomie des appareils constitue un irritant majeur. «Aussitôt qu'on commence à regarder des émissions de télé sur ces écrans-là, la durée de la pile va être très limitée, on parle peut-être d'une heure au maximum», a-t-il souligné.

«L'autre problème, plus fondamental, et c'est une critique de l'utilisateur, c'est que la qualité de l'image elle-même n'est pas suffisante pour en faire une expérience intéressante», a ajouté l'expert du CRC, un organisme fédéral.

Les grandes entreprises de téléphonie sont bien conscientes de toutes ces critiques. Chez Bell, on affirme que la netteté de l'image s'est améliorée depuis le lancement du produit, et que les progrès continueront.

Aussi, les fournisseurs admettent que la télé sur le cellulaire n'arrivera jamais à concurrencer la bonne vieille «boîte à images» qu'on retrouve à la maison, juste en face du sofa.

«Ça va toujours rester un marché complémentaire; on ne veut pas regarder un film de 90 minutes sur un téléphone cellulaire, on va devenir aveugles!» a dit Peter Barnes, président de l'Association canadienne des télécommunications sans fil, joint à Ottawa.

La télé sur cellulaire vise plutôt à offrir une «collation» aux gens qui attendent l'autobus ou qui ont quelques minutes à tuer, a expliqué M. Barnes. «Entre deux réunions, on peut aller voir le dernier but du Canadien. Je pense que c'est ce genre de marché qui va se développer.»

Brian Sharwood, analyste en télécommunications au SeaBoard Group, entrevoit un potentiel de croissance assez limité pour la technologie. «Il y aura peut-être quelques centaines de milliers de clients au Canada, à tout le moins dans le court terme», a-t-il avancé.

La loi de la passivité

La télévision interactive connaît elle aussi un succès mitigé à ce jour, a par ailleurs souligné Bernard Caron, du CRC, pendant son allocution. Cette technologie permet au téléspectateur de participer activement à l'écoute de ses émissions, en répondant par exemple à des sondages ou en consultant des informations supplémentaires sur les sujets abordés.

«La majorité des gens qui s'assoient devant le téléviseur veulent le faire de façon passive, où on reçoit de l'information, où on est diverti, et on ne veut pas vraiment s'impliquer de façon interactive», a-t-il expliqué.

Bernard Caron est vice-président des technologies de radiodiffusion au CRC, centre auquel il s'est joint en 1979. Sa conférence d'hier se déroulait à l'École Polytechnique de Montréal.