Si utile soit-il, Internet peut constituer un ennemi redoutable pour des gens fragiles, qui en deviennent rapidement dépendants. Malheureusement, il n'existe encore aucun traitement pour venir à bout de ce nouveau phénomène.

Si utile soit-il, Internet peut constituer un ennemi redoutable pour des gens fragiles, qui en deviennent rapidement dépendants. Malheureusement, il n'existe encore aucun traitement pour venir à bout de ce nouveau phénomène.

Vendredi se tenait à Jonquière un premier colloque sur la question, organisé par l'Agence régionale de la santé et des services sociaux sous le thème «La face cachée des écrans». Car s'il n'existe pas encore de données pour chiffrer la problématique au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les témoignages des intervenants tendent à démontrer que la problématique prend de l'ampleur.

«Depuis déjà cinq ans, l'Agence travaille sur la dépendance pathologique au jeu. Les intervenants nous ont fait remarquer que les gens ne demandent pas particulièrement ce service. Par contre, ils s'inquiètent pour des proches qui passent trop de temps devant leurs ordinateurs. Nous avons donc décidé de monter un colloque pour leur fournir des outils, leur donner des façons de reconnaître la dépendance et être en mesure de faire de la prévention», explique Josette Bouchard, agente de planification à l'Agence.

Paulette Guinois, infirmière de formation et directrice générale du programme d'intervention à la Maisonnée de Laval, travaille auprès de gens souffrant de cyberdépendance depuis l'arrivée de cette problématique, il y a environ huit ans. Selon elle, il n'y a pas de traitement miracle pour venir à bout de ce fléau.

«Dans le cas de certaines dépendances, nous prônons l'abstinence. Mais pour Internet, c'est différent. Les gens nous disent qu'ils ont besoin de cet outil pour leur travail, pour acheter des billets de cinéma, pour faire leurs transactions bancaires. Il faut aller plus loin. Les gens doivent trouver un sens à leur vie, renouer contact avec la réalité et la vie sociale», croit Mme Guinois.

Selon elle, la cyberdépendance touche tout le monde, de tous les âges, de toutes les couches de la société. Elle fait son apparition quand Internet et le clavardage prennent toute la place dans la vie d'un individu, qui en vient à négliger son travail ou son sommeil pour assouvir sa passion. Les effets se font sentir sur sa santé et sa vie en général, car il se coupe de son entourage. Selon les informations disponibles, elle toucherait un internaute sur 10. Si cette dépendance est grave chez les adultes, elle est dramatique chez les jeunes, qui en viennent à vivre hors de la réalité.

«Ils visitent des sites pornographiques et font l'apprentissage de relations jetables, sans profondeur. Ils sont les témoins d'une sexualité déviante, abusive, qui est loin de la réalité et qui interfère dans leurs relations amoureuses. C'est la première fois dans l'histoire de l'Humanité que les gens ont le choix entre une vie réelle ou une vie virtuelle», conclut Pauline Guinois.