Il y a trente ans, le 1er avril, une compagnie qui allait faire l'objet d'un véritable culte naissait.

Il y a trente ans, le 1er avril, une compagnie qui allait faire l'objet d'un véritable culte naissait.

Dans le garage de la maison des parents d'un certain Steve Jobs, deux amis fabriquaient des ordinateurs. La compagnie allait s'appeler Apple, son premier produit, le Apple I, était un ordinateur à monter soi-même.

Aujourd'hui, le cofondateur d'Apple qui a quitté le bateau, Steve Wozniak, raconte qu'il ne voulait pas vraiment fonder une compagnie.

«Mon but n'était pas de faire des tonnes d'argent. C'était de faire de bons ordinateurs. J'ai seulement parti cette compagnie quand j'ai réalisé que je pourrais rester un ingénieur pour toujours», confiait-il au San Jose Mercury News la semaine dernière.

Des tonnes d'argent, c'est pourtant ce que possède maintenant Apple. Après avoir connu des échecs et des crises internes, la compagnie a vu revenir son fondateur en 1996. Steve Jobs a donné un nouveau souffle à Apple, si bien que la compagnie a connu des revenus records de 14 milliards pour l'année fiscale 2005.

Ce que les amateurs de produits Apple aiment toutefois de la compagnie n'a rien à voir avec l'argent. Apple soulève les passions, et ceux qui aiment l'entreprise apprécient avant tout les produits.

Kim Auclair n'était pas née quand les deux Steve construisaient leurs premiers ordinateurs. Pourtant, la graphiste de 21 ans a monté un site Internet consacré à Apple, MacQuébec.com.

«Mon intérêt pour Apple, c'est un intérêt pour le design, pour la facilité des choses, pour l'évolution rapide, dit-elle. C'est une compagnie qui bouge beaucoup, qui a toujours des produits très intéressants, très simples.»

Kim Auclair suit avec attention ce qui se passe chez Apple. Mais elle n'est pas toujours à un clic d'acheter leur nouveau produit.

«Il y a beaucoup d'utilisateurs de Mac qui sont très maniaques… moi je ne suis pas dans cette catégorie-là. Je suis encore étudiante et ça me coûterait une fortune», dit-elle en riant.

Si certains sont des irréductibles de la marque et ne jurent que par la pomme, Michel Dumais, observateur des nouvelles technologies, se défend bien de faire partie d'une religion.

«Je ne suis pas raciste, ni sectaire», dit celui qui dit travaille aussi bien sous Mac OSX que sous Windows ou Linux.

Mais il aime Apple, depuis son tout premier Apple II. Et il sait ce qu'il ferait pour les 30 ans de la compagnie s'il était Steve Jobs.

Après les iMac, le système d'exploitation OSX et les iPod, Michel Dumais croit qu'il est temps pour Apple de revenir à la charge.

«Je me dis pour le 30e, s'ils voulaient frapper un grand coup, ça devrait être dans le salon, où il y a une guerre en ce moment. Il me semble que ce serait logique. Apple a vraiment visé juste avec l'industrie de la musique. Ils visent encore juste avec le vidéo. Qu'est-ce que tu fais pour mettre la pomme dans le salon?»

Donner le ton

Pour Michel Dumais, la compagnie californienne a toujours fait office de précurseur, et c'est ce qu'elle doit continuer à faire.

«Ils ne peuvent pas suivre la marche, ils se doivent de donner le ton. L'arrivée du iPod a donné le ton à tous les autres lecteurs numériques. On voit évidemment le grand succès que les autres connaissent, dit Michel Dumais d'un ton ironique. Ils ont compris que ce n'est pas juste la technologie, c'est un concept. C'est un concept que des humains se doivent d'utiliser. Comment faire pour faciliter l'appropriation de ce concept par les humains?»

Kim Auclair abonde dans ce sens. «Ils connaissent leur public. Ils savent créer des produits qui sont en mesure de répondre aux besoins de leur clientèle. On retrouve une gamme de produits assez élargie, que les clients désirent. Je pense que c'est l'avantage le plus intéressant d'Apple.»

Pour les 30 ans de la pomme, Michel Dumais souhaite à la compagnie de ne pas lâcher les acquis et de continuer à se diversifier.

«Mais ce que je dis aux aficionados de la marque, c'est: arrêtez de rêver qu'un jour Apple va débarquer Microsoft, ça ne sera jamais ça. Si on va chercher un jour 10% de parts de marché et qu'on continue d'être des précurseurs et des créateurs, tant mieux.»

Reste à voir si une trêve est possible dans l'infinie «guerre» Apple-Microsoft. Le temps de souffler 30 bougies.

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