Le secteur des hautes technologies réuni au CeBIT de Hanovre entrevoit le bout du tunnel après des années difficiles suite à l'éclatement de la bulle internet, mais sans verser dans l'euphorie.

Le secteur des hautes technologies réuni au CeBIT de Hanovre entrevoit le bout du tunnel après des années difficiles suite à l'éclatement de la bulle internet, mais sans verser dans l'euphorie.

Pour le Bitkom, la fédération allemande de la branche qui représente plus d'un millier d'entreprises et leurs quelque 700 000 salariés, une page a été tournée. «Nous avons rétabli la confiance de nos clients», a commenté le président de l'organisation, Willi Berthold, lors d'une conférence de presse mercredi à la veille de l'ouverture du CeBIT. «Dans les cinq dernières années, le secteur de la high-tech a mûri, les moutons noirs ont été écartés.«

L'Allemagne représente le plus gros marché européen en matière d'informatique et de télécommunication. Le Bitkom, qui représente plus d'un millier d'entreprises employant au total quelque 700 000 salariés, s'attend à ce que le chiffre d'affaires du secteur dans ce pays augmente de 2,4% à 137,4 milliards d'euros cette année, et encore de 2% l'an prochain.

Dans l'Union européenne (UE), la croissance devrait atteindre 3,2% à 643 milliards en 2006 et 2,9% en 2007, avait estimé la semaine dernière l'institut européen spécialisé EITO.

«Il est trop tôt pour dire si cela va être une période de croissance durable, mais l'optimisme dans notre secteur est plus élevé qu'il n'était dans les années passées», a aussi indiqué à l'AFP Jeremy Roche, président de la European Software Association. Fondé en octobre 2005, ce lobby compte une trentaine de membres, parmi lesquels l'allemand SAP, le français Dassault Systèmes ou le britannique Sage.

«L'activité est devenue plus soutenue, nous entrons dans un cycle où davantage de sociétés investissent à la fois dans leurs logiciels et leurs infrastructures», a ajouté M. Roche, pour qui il s'agit d'un «cycle naturel«: «Beaucoup d'entre nous traitent aujourd'hui avec des clients qui ont investi dans des logiciels avant l'an 2000, et maintenant il est temps de renouveler.«

Cette tendance de fond dans l'informatique a aussi été observée par le Bitkom, tant pour les infrastructures que pour les logiciels. La Fédération relève d'autres moteurs de croissance: l'internet à haut débit, la téléphonie mobile UMTS, et surtout l'électronique grand public, qui selon M. Berthold devrait permettre au secteur d'afficher «un point de croissance supplémentaire» en 2007.

Un exemple parmi d'autres: le groupe d'électronique japonais Sharp a indiqué mercredi à Hanovre vouloir doubler son chiffre d'affaires en Europe d'ici fin 2007. Cela passera entre autres par un doublement cette année des ventes en volume de téléviseurs écran plat à cristaux liquides (LCD), selon le PDG de Sharp Europe, Hans Kleis. Les plus fortes progressions sont attendues en Europe de l'Est, en Espagne et en Scandinavie.

Dans les télécoms, la situation est moins rose. La téléphonie fixe souffre d'une concurrence croissante: les prix dans la téléphonie mobile ont nettement baissé, l'internet est de plus en plus utilisé pour téléphoner (VoIP).

Ce malaise s'est matérialisé par une série de plans sociaux chez les grands opérateurs: Deutsche Telekom veut supprimer 32 000 emplois, France Télécom 17 000.

Et cela se répercute sur l'ensemble du secteur: en Allemagne, le nombre d'emplois dans l'informatique et les télécoms devrait ainsi rester stable cette année, selon le Bitkom, alors que l'an passé il avait enregistré 4 000 créations nettes.