Pour un commerçant traditionnel déjà établi qui veut se lancer dans le commerce électronique, y a-t-il des secteurs plus propices et rentables que d'autres, ainsi que des secteurs à éviter?

Pour un commerçant traditionnel déjà établi qui veut se lancer dans le commerce électronique, y a-t-il des secteurs plus propices et rentables que d'autres, ainsi que des secteurs à éviter?

Tout d'abord, il est important de distinguer les notions de rentabilité et de revenus ou ventes. Plusieurs commerçants réalisent des ventes importantes par le commerce électronique, mais ont encore de la difficulté à engranger les profits de façon régulière - le cas le plus patent étant encore aujourd'hui, Amazon.com dont les performances en termes de profits est irrégulière. Ensuite, dans une évaluation de la rentabilité, on doit considérer:

1) la génération de revenus - les ventes par Internet;

2) l'utilisation de l'Internet comme moyen d'attirer des gens dans son commerce;

3) la réduction des coûts soit de vente soit d'opérations.

Si on examine les secteurs les plus propices au commerce électronique au Canada (source: L'économie numérique au Canada), on remarque tout d'abord que le commerce interentreprises (souvent appelé B2B) correspond en 2004 à environ 20 milliards de $ au Canada, sur un total de 28,3 milliards de $ de transactions électronique. Le commerce de détail quant à lui correspond à 3 milliards de $. La croissance des ventes dans ce secteur par contre est plus de 25% par année. On retrouvait en 2004, près de 43,5% des entreprises canadiennes faisant des achats par Internet et environ 7% des entreprises vendant des biens ou services par Internet. Donc une première conclusion s'impose : les ventes aux entreprises sont beaucoup plus importantes que les ventes aux individus.

En ce qui a trait aux ventes par Internet (source: Achats en ligne: magasinage des ménages sur Internet), on remarque que les livres et les magazines occupent le haut du pavé (30% des ménages en ont acheté). En deuxième position, on retrouve l'achat ou la préparation de voyage (22%). Par la suite, il y a les produits électroniques, les bandes vidéo ou DVD et la musique en ligne (de sites payants). On retrouve finalement une catégorie en très forte hausse, soit les produits numériques (20% des ménages) comme les logiciels et les jeux.

Cette dernière catégorie nous permet d'aborder l'importance de la rentabilité dans le commerce électronique. Il est clair que lorsque l'achat n'implique pas de bien physique comme tel, donc ne requière pas de livraison, les chances que la transaction soit plus rentable pour le commerçant sont excellentes. En effet, bien souvent dans le commerce électronique, l'échange de biens physiques amène des coûts d'approvisionnement, d'entreposage, d'inventaire, de livraison ou de retour de marchandise. Si vous avez déjà un commerce et que le commerce électronique n'amène pas de coûts fixes supplémentaires (par ex. entrepôt) et que vous pouvez refiler les coûts variables (par ex. livraison) aux acheteurs, il peut être intéressant que vous y réfléchissiez.

L'Internet peut servir également à attirer les gens à son commerce. En effet, les gens magasinent sur le Web souvent avant de se rendre dans les commerces. Une grande partie de la recherche d'information est faite avant de se procurer le bien. Des engins de recherche comme Google ou Yahoo ont justement adapté leur modèle publicitaire pour permettre aux commerçants et aux manufacturiers de biens se positionner lorsque les gens font des recherches sur des produits dans Internet. Les gens qui font du lèche-vitrine sur Internet représentait 14 % de l'ensemble des ménages. Ils ont consulté des catalogues en ligne pour faciliter leurs décisions d'achat, sans toutefois passer de commandes ni effectuer d'achats en ligne. «Parmi ces ménages qui ont fait du lèche-vitrines, presque la moitié ont déclaré avoir fait plus tard des achats directement auprès de fournisseurs, ce qui indique que les catalogues en ligne représentent un bon moyen d'attirer les clients dans le magasin ou d'obtenir des commandes par téléphone» (Achats en ligne : magasinage des ménages sur Internet, Statistique Canada, l'Enquête sur l'utilisation d'Internet par les ménages - EUIM). Les catégories suivantes font le plus l'objet de lèche-vitrine : produits de santé, produits de beauté et les vitamines, les produits électroniques de grande consommation, les vêtements, les bijoux et les accessoires, ainsi que les articles et les appareils ménagers.

Finalement et jumelé au point précédent, l'Internet peut servir à réduire vos coûts de marketing. Un site Web présentant de façon détaillé vos produits ou services ou permettant aux visiteurs d'y obtenir réponses à leurs questions (certaines études semblent démontrer qu'une bonne section Foire aux questions permet de réduire par 10 les coûts qui seraient encourus si le service était rendu par téléphone!) peut représenter des économies substantielles. Également, le marketing électronique (courriel, communauté ou marketing viral par exemples) peut réduire vos coûts de développement de marché.

Vos économies peuvent également se réaliser au niveau de vos opérations. Plus vos transactions sont faites de façon électronique, plus vous pouvez réduire vos dépenses d'opérations : commandes et paiements électroniques de vos clients mais également pour votre propre approvisionnement; suivi des commandes, gestion de l'inventaire, etc.

Le commerce électronique peut être très intéressant pour un commerçant comme vous. Vous devez par contre vous assurer que votre clientèle est disposée à transiger de cette façon; qu'il y a des bénéfices mutuels de le faire et qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter une infrastructure importante à vos opérations actuelles pour le faire.

Avec la collaboration de Guy Champagne, chercheur associé.