De plus en plus de municipalités et de pays dans le monde offrent l'Internet à haute vitesse sans fil gratuit.

De plus en plus de municipalités et de pays dans le monde offrent l'Internet à haute vitesse sans fil gratuit.

Pour les consommateurs concernés, c'est toute une aubaine: des services comme la téléphonie par Internet et le courrier électronique sont soudainement accessibles pour une fraction du coût, sinon pour rien. Pour les communautés éloignées ou défavorisées, comme pour les entreprises, ça peut même devenir un formidable outil de croissance.

Cela dit, si l'accès est gratuit, il doit quand même être rentable. «Par exemple, l'accès de base peut être gratuit, mais des applications plus exigeantes ou plus spécialisées peuvent être facturées à la carte. Ça crée une source de revenus que les communautés peuvent utiliser pour financer d'autres services», dit Guy de la Salle, cofondateur de la société Nomade Télécom, qui travaille de concert avec certaines municipalités du Québec pour implanter un accès gratuit et sans fil à Internet.

Montréal, un bel exemple

Une ville de la taille de Montréal peut y trouver d'autres façons d'économiser, en réduisant certaines dépenses, estime-t-il. «Un accès sans fil étendu à toute la ville permet de transférer plusieurs services municipaux vers les technologies IP (Internet Protocol). Les frais de communications des cols bleus et les services de sécurité par caméra sont de parfaits exemples » de services dont les coûts seraient réduits de façon importante.

L'Internet gratuit est aussi vu comme une source de développement communautaire exceptionnelle. L'essor de quartiers ou de régions où l'accès à des outils d'éducation adéquats pourrait être facilité par un tel service, qui serait, en quelque sorte, le prolongement de la mesure provinciale qui permettait aux ménages défavorisés d'acquérir un ordinateur pour la maison à moindre coût.

«Les quartiers défavorisés et les régions éloignées, où l'accès à large bande n'est pas encore offert, peuvent en tirer profit», dit le porte-parole de Nomade Télécom. La ville gaspésienne de Percé se serait montrée très intéressée à la solution que propose justement Nomade, pour ces mêmes raisons.

Un must pour la nouvelle économie

D'autres croient que les entreprises de la nouvelle économie en tireraient de nouveaux revenus. La revue Washington Monthly, qui compare l'accès sans fil gratuit à Internet à l'avènement de l'électricité, illustre bien ce point. «Déjà, la Corée du Sud, qui domine au chapitre du nombre d'entreprises et de foyers branchés à haute vitesse, est devenue grâce à cela le développeur numéro un de jeux vidéo en ligne, probablement l'une des industries qui connaît la plus forte croissance aujourd'hui dans le monde.»

De ce point de vue, la gratuité d'un service Internet à haute vitesse prend l'allure d'un investissement public stratégique, clame le mensuel américain. «L'avenir de nos communautés dépend de l'accès à ces services de télécommunication à haute vitesse. C'est comme le réseau routier, à une autre époque: si vous êtes dépassé par la haute vitesse, vous risquez de devenir une ville fantôme.»

Sans faire dans une telle paranoïa, on peut facilement imaginer comment Montréal, où le jeu vidéo est de plus en plus un fleuron de l'économie locale, pourrait tirer des leçons du cas sud-coréen.

Environ 100$/km2

Évidemment, il y a certains défis technologiques à relever, pour qui désire offrir un service sans fil dans les centres urbains. Par exemple, il faut que l'accès soit offert à tous, et il doit aussi s'avérer sûr et rapide, même lorsque l'on se déplace. Les coûts sont aussi prohibitifs, au premier abord.

«Ce n'est pas la concurrence avec Bell et Vidéotron qui nous effraie, mais plutôt le fait que les citoyens s'élèveront contre l'augmentation de la taxe foncière nécessaire pour financer un tel projet», affirme M. de la Salle, qui estime les coûts d'implantation à environ 100000$ du kilomètre carré. «Mais en partageant ces coûts avec d'autres organismes, une ville partage les risques, mais aussi les revenus.»

«Au bout du compte, la Ville conserve sa latitude pour fournir un accès gratuit ciblé aux citoyens moins riches, aux bibliothèques ou aux centres communautaires», dit Guy de la Salle. En plus, elle offre à prix modique un outil technologique favorisant la croissance des entreprises de sa localité.