Le cellulaire supplantera-t-il bientôt le iPod ou le baladeur numérique?

Le cellulaire supplantera-t-il bientôt le iPod ou le baladeur numérique?

Force est de constater au MIDEM que la téléphonie mobile sera LE principal facteur d'expansion de l'industrie de la musique numérisée en 2006.

«Dans le monde, la musique mobile a généré des revenus de 5,5 milliards de dollars américains en 2005, affirme le principal responsable de ce dossier au MIDEM, Ralph Simon. Les revenus tirés des sonneries de rappel (ringback tones), de l'écoute de la musique en transit (streaming) ou du téléchargement légal de chansons sont encore mineurs, mais connaîtront une progression très rapide.»

Les trois quarts des revenus générés dans le nouveau secteur de la musique numérisée reposent sur les produits musicaux vendus aux usagers des téléphones cellulaires. Combinés à la vente de sonneries personnalisées, le téléchargement de chansons et les vidéoclips sont autant de services qui font du cellulaire un outil de lecture des plus enviables.

«La croissance du téléphone portable n'a rien à voir avec celle du iPod, explique Ralph Simon. On a vendu 42 millions de baladeurs d'Apple depuis leur mise en marché en 2003, tandis qu'on prévoit vendre 850 millions de téléphones portables en 2006. Inutile d'ajouter qu'ils serviront pour la plupart à écouter la musique.»

La plupart des cellulaires sur le marché comportent des mémoires généralement inférieures à celles offertes par les meilleurs baladeurs numérique, plus ou moins 5 gigaoctets de mémoire comparativement à 20 à 60 gigaoctets. Or, la troisième génération des téléphones portables (3G) annonce une croissance phénoménale des mémoires permettant de stocker les contenus, essentiellement la musique. Samsung, par exemple, lancera une puce de 100 gigaoctets qui pourra rivaliser sans problème avec les plus puissants baladeurs numériques. L'entreprise française de téléphonie SFR est rapidement devenue la troisième plate-forme de téléchargement de la musique en France après iTunes Music Store et Virgin Megastore. Pour 9,99 euros par mois, SFR donne accès à un service radio DJ qui dispose d'un répertoire de 500 000 titres répartis en différents genres. Le consommateur peut interagir avec les sous-répertoires en modifiant la liste des titres proposés- changer l'ordre des chansons, éliminer les titres qu'on n'aime pas, etc.

Dans les marchés non occidentaux les plus considérables, le téléphone portable supplante l'ordinateur personnel comme outil de lecture de la musique. Au Japon et en Chine, plus de 90 % des téléchargements de musique se font grâce au téléphone portable. En Inde, on trouve 38 millions d'internautes avec ordinateur personnel... et 300 millions de propriétaires de téléphones portables. Au Brésil, on trouve 32 millions d'internautes contre 86 millions de propriétaires de cellulaires.

Alors? Les grandes étiquettes de musique, les services en ligne et les entreprises de téléphonie s'affairent à mettre en oeuvre une batterie de services pour alimenter en contenus les téléphones portables.

Nécessaire compatibilité

L'avènement du téléphone portable comme nouveau siège de répertoires musicaux personnalisés nous conduit d'ailleurs à une autre étape de la révolution numérique: le domaine de l'utilisateur.

«Le téléphone portable, la console de jeux, le baladeur numérique ou l'ordinateur personnel appartenant à une même personne doivent être en mesure de décliner un même contenu. Il s'agit donc d'en améliorer les liens. Si, par exemple, vous perdez votre téléphone portable, vous aurez bientôt la possibilité de restaurer tout ce qui s'y trouvait à partir d'un domaine virtuel où sont stockés vos contenus en permanence», explique l'Allemand Willms Bushe, de la firme Coremedia, spécialisée dans la gestion numérique des droits d'auteur.

«Je crois fermement que l'on pourra réduire au maximum les incompatibilités entre les systèmes sur le marché. Il y aura toujours des exceptions, mais l'association Open Mobile Alliance (OMA), qui représente plus de 400 entreprises produisant chacun leur gamme de téléphones portables, défend ce principe», soutient Bushe, également vice-président de l'OMA.

La convergence des contenus serait-elle donc de retour, cette fois pour le bien des consommateurs?

Won Yong Jo, directeur de la firme sud-coréenne SK Telecom, se montre pragmatique. «Le retour de la convergence des contenus, cette fois, n'est pas le résultat de la volonté de grandes entreprises, c'est devenu une exigence. Puisque chaque utilisateur de nos téléphones portables est en relation avec d'autres téléphones ou autres outils qui ne sont pas produit par notre entreprise, il faut faire en sorte que le flux de l'information passe sans problème, naturellement.»

Patricia Langrand, qui dirige le secteur des contenus numérisés pour France Télécom, est de cet avis. «Il ne faut plus forcer le consommateur à n'utiliser qu'un seul lecteur, un seul téléphone, une seule plate-forme de téléchargement. Il faut plutôt s'adapter aux outils de lecture qu'il préfère.»