Pour la quarantième année à Cannes, le Marché international de la musique (MIDEM) réunit tous les grands marchés de la planète.

Pour la quarantième année à Cannes, le Marché international de la musique (MIDEM) réunit tous les grands marchés de la planète.

À compter de demain et jusqu'à jeudi, la station balnéaire sera envahie par plus de 10 000 professionnels de la musique avec pour trame de fond le déclin toujours constant des ventes de CD, l'introduction de la vidéo musicale dans la téléphonie mobile et l'émergence d'une nouvelle vague d'étiquettes indépendantes évoluant dans un contexte de fusions et rationalisations multinationales.

«La baisse des ventes du disque est moins considérable qu'il y a deux ou trois ans, mais elle est toujours importante, soulève la directrice du MIDEM, Dominique Leguern. Et c'est évidemment dû au piratage. Je ne crois pas que l'on puisse revenir en arrière sur la technologie, ce qui existe aujourd'hui il faut faire avec... Mais on ne peut pas laisser piller les artistes. Ils doivent être payés comme tous les autres artisans.»

L'industrie de la musique fait pression auprès des gouvernements du monde pour que soit éradiqué le téléchargement non autorisé par les grands gestionnaires de répertoires et l'ensemble des créateurs de la profession. Intentées depuis 2003, des vagues de poursuites judiciaires contre les internautes déviants ont déferlé, pendant que les lois sur le droit d'auteur tendaient à s'adapter à la vision des plus puissants industriels du domaine.

Bien qu'elle ne puisse afficher quelque triomphalisme en ce sens, la plus grande foire mondiale de la musique compte fêter en grand ses quatre décennies d'activités.

«Déjeuner des pionniers» réunissant 40 professionnels qui convergent à Cannes depuis le tout premier MIDEM, gâteau d'anniversaire géant avec champagne pour tout le monde, dîner en l'honneur du chanteur Bob Geldof, etc. Cela étant, le MIDEM n'est pas spécialement un lieu de célébration. On peut y faire des découvertes musicales en fin de soirée, mais les plateaux d'artistes présentés au MIDEM n'ont certes pas l'envergure des grands festivals européens.

«Le MIDEM, précise Dominique Leguern, est d'abord un marché de contenus. Il y a des acheteurs et des vendeurs. Les vendeurs de ces contenus sont les producteurs phonographiques, les acheteurs sont les distributeurs «traditionnels» des produits physiques ou distributeurs associés aux technologies numériques.»

«Le business entre acheteurs et vendeurs a ainsi évolué, précise-t-elle, vers un nombre accru de nouveaux canaux de distribution.»

Bien qu'on mette de plus en plus l'insistance sur les nouvelles technologies, bien que le MidemNet, consacré à la question, occupe un espace croissant, la bonne vieille distribution destinée aux magasins de disques domine toujours au MIDEM.

«Elle existe toujours, même si elle souffre, même si on a déjà annoncé sa disparition rapide. Les nouvelles technologies prennent une part très importante de la distribution de la musique, mais ne remplacent pas le reste. Les revenus de la téléphonie mobile et du téléchargement oscillent entre 1,5 et 5 % des revenus des maisons de disque. Et il faut voir les choses en face: 80 % des artistes ne voient jamais un centime des revenus des sonneries polyphoniques», fait observer la directrice générale du MIDEM. À ceux qui clament le déclin progressif du Marché international de la musique, Dominique Leguern s'oppose avec vigueur.

«C'est absolument faux. L'affluence générale augmentera de 11 % cette année. Le nombre de personnes va croître de 7 % et le nombre de sociétés augmentera de 8 %, c'est-à-dire plus de 4 500 entreprises. L'an dernier, nous avions clôturé avec 9300 participants, nous allons largement dépasser les 10 000 cette année. Le métier se renouvelle particulièrement, depuis la vague de licenciements occasionnés par les fusions successives des multinationales qui ont donné lieu à la création de nouvelles entreprises. Les nouvelles technologies ont aussi créé de nouveaux métiers, dont les agrégateurs de contenus qui sont les intermédiaires entre les producteurs de musique et les sociétés de distribution électronique.»

Ainsi donc, les plus puissants dirigeants de l'industrie phonographique convergent à Cannes jusqu'à mercredi, parmi lesquels se trouve Seymour Stein, le propriétaire et fondateur de l'étiquette Sire, ainsi que les représentants des multinationales.

Pour le 40e MIDEM, les majors devront néanmoins partager l'espace virtuel: les nouveaux monarques de la distribution électronique y prendront une part active, la téléphonie mobile y triomphera à n'en point douter, le débat sur la circulation légale des contenus sur Internet s'y poursuivra après toute une levée de boucliers concernant la licence légale sur Internet votée à la va vite par l'Assemblée nationale de France en décembre dernier. Pendant que son équipe prépare la reprise du vote sur la question (dans quelques semaines), le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, reçoit dimanche au Midem une quinzaine de ministres européens de la culture pour y discuter de la circulation des oeuvres numérisées.

On risque fort d'y pester contre le téléchargement gratuit par P2P...