Vous êtes assis devant votre ordinateur, au sous-sol. En pyjama et en pantoufles, vous vous apprêtez à commander le gadget électronique à la mode pour Noël. Dans l'environnement douillet de la maison, vous vous sentez en sécurité, vous ne vous méfiez pas...

Vous êtes assis devant votre ordinateur, au sous-sol. En pyjama et en pantoufles, vous vous apprêtez à commander le gadget électronique à la mode pour Noël. Dans l'environnement douillet de la maison, vous vous sentez en sécurité, vous ne vous méfiez pas...

«C'est une fausse impression», prévient Jacques Viau, ancien policier spécialisé dans les crimes technologiques.

Aujourd'hui directeur à l'Institut de la sécurité de l'information du Québec, il constate que les ordinateurs des Québécois sont vulnérables.

Ils sont bourrés de logiciels d'espionnage (dans 70% des cas). Ils sont dotés d'un anti-virus et d'un système d'exploitation qui ne sont pas mis à jour (80%). Ils n'ont pas de barrière pare-feu (50%).

Voilà les résultats d'une enquête dans 33 maisons, menée par l'Institut et le magazine Protégez-Vous l'été dernier.

Rien de rassurant pour la saison des Fêtes, la période de pointe du commerce électronique. Dans certains secteurs comme l'électronique, la moitié des revenus de l'année entière sont réalisés à l'approche de Noël, dit Jacques Nantel, professeur à HEC Montréal et titulaire de la chaire de commerce électronique RBC.

Le commerce électronique entre dans les moeurs : il représente 2% de l'ensemble du commerce de détail. Mais la fraude sur Internet est aussi en progression. En 2005, elle atteindra 2,8 milliards de dollars américains, selon CyberSource, une firme américaine de paiement électronique. C'est presque deux fois plus qu'il y a cinq ans.

«Au Québec, nous évaluons à plus de 250 millions de dollars la valeur des pertes résultant de crimes électroniques», affirme Christian Martin, vice-président du Centre de transfert de technologies et de connaissances (CRIM).

Toutefois, les consommateurs encaissent rarement - de façon directe à tout le moins - la facture des fraudes sur Internet. Ce sont les commerçants et surtout les émetteurs de cartes de crédit qui paient le plus souvent la note.

«En ce moment, les sociétés de cartes de crédit sont extrêmement bonnes joueuses», dit M. Nantel. Elles ont avantage à l'être. Internet leur permet d'accroître leur part de marché. Sur Internet, les consommateurs utilisent leur carte de crédit pour des achats qui étaient traditionnellement réglés en argent comptant, par chèque ou par Interac.

Un bon exemple : les transactions entre consommateurs, par l'entremise d'un site de petites annonces ou d'enchères, où un intermédiaire accepte et traite le paiement par carte de crédit. Autrement, il y a fort à parier que vendeur et acheteur se seraient rencontrés pour réaliser une transaction en argent comptant.

Mais les commerçants et les émetteurs de cartes de crédit deviennent plus vigilants. Pour rendre les achats sur Internet plus sécuritaires, certains exigent que l'on fournisse les quatre chiffres qui figurent au dos de la carte. D'autres demandent au client de s'enregistrer et de fournir un mot de passe. Les consommateurs ont tout avantage à prendre leurs précautions. D'une manière ou d'une autre, ils paient pour la fraude... car les commerçants et les institutions financières leur refilent indirectement la facture.