Combinez la popularité du jeu vidéo en ligne et celle du télétravail, le fait que la plupart des formations sont offertes dans les grands centres urbains à fort prix, et vous obtenez le bébé que le programmeur Olivier Vézina prépare pour l’automne 2023 : une école du jeu vidéo 100 % en ligne.

Pour 8440 $, les élèves auront le choix entre deux diplômes, un en design de jeux et de niveaux, et l’autre en arts numériques en jeux vidéo, qui seront décernés à l’issue de quatre sessions totalisant 16 mois et 1320 heures. Aucun préalable n’est exigé, mais tous les candidats doivent passer une audition, précise M. Vézina. « Ça ne prend pas de formation, ça prend de la passion, du temps et de la discipline. »

Au dernier décompte, selon l’organisme Synthèse Pôle Image Québec, la province compte 75 programmes qui peuvent mener d’une façon ou d’une autre au jeu vidéo. Du lot, 33, dont certains offrent une formation en ligne, sont spécifiquement destinés à cette industrie. Le Québec a-t-il réellement besoin d’un 34e programme ? Oui, assure Olivier Vézina, diplômé en informatique et administration de l’Université de Sherbrooke, qui a fait ses débuts au défunt studio Square Enix Montréal en 2017. Il enseigne le développement de jeux vidéo depuis août 2020 au collège LaSalle.

« Meilleur que les autres »

Son constat, c’est qu’« en général, l’enseignement des jeux vidéo est mésadapté ». « Les enseignants ont beaucoup d’autonomie, on a carte blanche, et ce n’est pas toujours bon. Ça manque de cohésion, certains cours se chevauchent. »

Sans fausse modestie, il s’estime bien placé pour que le diplôme qui sera délivré par son École du jeu vidéo de Montréal soit « meilleur que les autres », lui qui se réjouit d’avoir eu un taux de placement de 100 % pour un de ses groupes d’élèves en 2021 au collège LaSalle, qui a également accompli l’exploit rare de publier son jeu sur la plateforme Steam. La première cohorte de son école, pour laquelle il veut recruter deux groupes de 24 élèves, qui seront encadrés par six professeurs, aura notamment la possibilité de concevoir un jeu vidéo lors de la dernière session de quatre mois. Les cours sont offerts en direct, avec du contenu « asynchrone » qu’on peut consulter en tout temps. À défaut d’une vie étudiante en personne, le réseautage social sera offert sur la plateforme Discord. Comme aucun cours n’est offert en personne, la formation à l’École du jeu vidéo de Montréal n’est pas admissible au programme de prêts et bourses. « Si je pouvais avoir ça, je chargerais encore moins cher, précise M. Vézina. Malgré tout, c’est le plus bas prix parmi les formations d’écoles privées offertes. »

À temps pour les embauches

Outre M. Vézina, quatre mentors sont déjà recrutés, deux programmeurs et designers de jeu d’Ubisoft Montréal et de WB Montréal, un artiste d’environnement de Beenox et un designer de niveaux au studio montréalais indépendant Rogue Factor.

Quatre élèves, en outre, sont déjà inscrits, précise-t-il, et tous ont « plus de 25 ans ».

« Mon rêve, ce serait que l’école soit sous le même toit qu’un studio, un vrai studio qui livrerait des jeux. […] Ce que je déplore, présentement, c’est le manque d’encadrement. C’est pour ça qu’on voit si peu d’offres d’emplois pour les juniors : ils ne sont pas prêts. »

Le choix du lancement en automne 2023 n’est pas anodin : il souhaite que ses premiers élèves arrivent sur le marché en décembre 2024, à temps pour la reprise des embauches, généralement en début d’année. Les cours comportent justement une préparation au marché du travail, notamment la confection d’un curriculum vitæ.