Si vous trouvez que le métavers annoncé par Facebook est un concept futuriste, il ne l’est pas encore assez pour les fondateurs montréalais de Lighthouse Labs. Leur ambition est de mettre sur pied un moteur de recherche pour des versions encore plus mystérieuses du métavers, qui seront basées sur la chaîne de blocs à la manière des cryptomonnaies.

À peine cinq mois après sa fondation, l’entreprise a réussi à convaincre les investisseurs d’y mettre 9 millions, à l’issue d’une ronde de financement menée par Accel, BlockTower et Animoca Brands qui sera annoncée mercredi.

PHOTO FOURNIE PAR LIGHTHOUSE LABS

Jonathan Brun, PDG, et Justine Massicotte, cheffe des technologies, cofondateurs de Lighthouse Labs

Pour Jonathan Brun, cofondateur et PDG de Lighthouse Labs, les métavers déjà existants comme ceux proposés par Roblox, Fortnite et bientôt Facebook ne sont qu’une première étape. On estime que plus de 40 millions de personnes y passent du temps une fois par mois, communiquant avec leurs semblables à travers un avatar dans ces univers virtuels.

« Très émergent »

Ce qui est le terrain de jeu de Lighthouse Labs, c’est la suite, appelée « Web3 », avec des métavers qui ne dépendront plus de plateformes établies, mais seront basés sur la chaîne de blocs. Ce registre décentralisé, dont des millions d’utilisateurs sont les garants de l’intégrité, représente « le futur de l’industrie », estime M. Brun.

On compterait pour l’instant quelque 500 000 utilisateurs mensuels dans ce type d’environnement, sur des plateformes comme The Sandbox et Decentraland, où on peut par exemple acheter des parcelles de terrains numériques.

« C’est encore très émergent, convient-il. La notion de métavers, quand tu penses à des plateformes Web2 comme Roblox, c’est établi, et c’est incroyable, le temps que les gens y passent. »

Le grand défi de ces métavers décentralisés, c’est de pouvoir être indexés pour que les utilisateurs y aient accès, à l’image de ce que des moteurs de recherche comme Google et DuckDuck Go permettent pour le web. Les méthodes d’indexation classiques, basées sur des crawlers, ne seront cependant plus efficaces dans les médias interactifs 3D du métavers, explique Justine Massicotte, cofondatrice et cheffe des technologies.

« Les crawlers ne sont pas du tout adaptés aux mondes immersifs, ils sont essentiellement basés sur le texte. »

Le moteur de recherche de Lighthouse Labs s’alimentera plutôt directement au registre de la chaîne de blocs, qui est publique, ainsi que par le contenu de grands acteurs avec lesquels on va tenter de conclure des partenariats.

Démocratie virtuelle

Mais ce n’est pas tout. Vingt-quatre ans après la création de Google et dix-huit ans après celle de Facebook, les fondateurs de Lighthouse Labs rêvent d’un web réellement démocratique et décentralisé, à l’image du fonctionnement des cryptomonnaies.

« En tant qu’entreprise, on va se décentraliser, annonce Jonathan Brun. Quand les partenariats seront faits et qu’on aura une plateforme en ligne, on va lancer un jeton non fongible (NFT), qui sera disponible pour les gens de la communauté. Nos utilisateurs seront impliqués dans la gouvernance. »

Les 9 millions levés devraient permettre d’accélérer le développement du projet et de plus que doubler le nombre de personnes dans l’équipe, qui passera à 15. « Plus on est capables d’embaucher, plus vous allez voir rapidement un prototype, promet le PDG. L’accent est de grossir l’équipe, tant en ingénierie qu’en croissance, et on a une certaine fierté de bâtir une équipe locale montréalaise. »