(San Francisco) Match Group, la maison mère des sites de rencontre Tinder et OkCupid, a intenté lundi un procès à Google, qu’il accuse d’abus de position dominante sur les téléphones, dernier épisode de la rébellion des éditeurs d’applications contre les géants des technologies.

« Google domine et contrôle quasi complètement le marché de la distribution des applications sur Android », le système d’exploitation mobile de l’écrasante majorité des téléphones intelligents dans le monde, explique Match Group dans son communiqué intitulé « End the Google Tax » (« Mettre fin à la taxe Google »).

« Et il a abusé de son pouvoir au détriment des utilisateurs et des développeurs d’applications de différentes façons », continue le groupe spécialiste des applis de rencontres.

Match Group reproche à Google de profiter de sa position dominante sur les mobiles pour imposer des règles qu’il juge injustes, et qu’il ne peut pas contourner à moins de renoncer à la majorité de ses utilisateurs.

L’entreprise a décidé de porter plainte à cause d’un changement récent du règlement : jusqu’à présent, certaines de ses applications proposaient un système de paiement alternatif à celui du Play Store (la plateforme de téléchargement des applis sur Android).

Mais cette possibilité va disparaître, expliquent les avocats dans les documents déposés lundi auprès d’une cour californienne.

Ils demandent au tribunal de forcer Google à laisser Match proposer son alternative pour les paiements dans ses applis - et ainsi échapper à la commission de 15 ou 30 % prélevée par Google sur les transactions.

Match Group « mène une campagne intéressée pour éviter de payer pour la valeur significative qu’il dégage des plateformes mobiles sur lesquelles il a bâti ses affaires », a réagi un porte-parole de Google.

Les applis concernées peuvent ne payer « que 15 % de commission sur les abonnements numériques, soit le taux le plus bas des principales plateformes », a-t-il précisé.

« Les régulateurs s’intéressent de près à Match Group au sujet de potentielles formules d’abonnement fallacieuses. Et avec cette plainte, ils continuent de faire passer l’argent avant la protection des utilisateurs », a assené le porte-parole de Google. « Comme toute entreprise, nos services sont payants, et comme toute plateforme responsable, nous protégeons les utilisateurs contre la fraude et les abus dans les applis », a-t-il ajouté.

Si la justice n’intervient pas, et si « Match Group ne se conforme au changement de règlement de Google, Google a dit clairement qu’il retirerait les applis de Match de Google Play », s’inquiètent les avocats de Match à la fin de la plainte.

Ils accusent Google de « menacer de condamner à mort Match Group, une menace » déjà « mise à exécution contre un autre développeur, Epic Games ».

Dans ce cas, « plus d’un milliard d’utilisateurs d’appareils Android dans le monde pourraient ne plus avoir accès aux applis de Match Group », détaillent-ils.

Google permet déjà aux utilisateurs de télécharger une application sans passer par sa boutique, mais cette dernière reste le moyen privilégié par la plupart d’entre eux.

L’éditeur de jeux vidéo Epic Games (Fortnite) a engagé un bras de fer juridique contre Google et Apple à l’été 2020 pour des raisons similaires à celles invoquées par Match.

En novembre, une juge fédérale américaine a sommé Apple d’autoriser un système de paiement alternatif au sein de l’App Store, mais a également estimé qu’Epic n’avait pas réussi à prouver qu’Apple avait enfreint le droit de la concurrence.

La Corée du Sud a condamné Google en septembre dernier à une amende de près de 180 millions de dollars pour abus de position dominante sur le marché des applications mobiles.

Le Parlement du pays a, en outre, adopté une loi contraignant les opérateurs des systèmes d’exploitation de téléphones intelligents, principalement Google et Apple, à permettre aux éditeurs d’applications de proposer des systèmes de paiement alternatifs.