Le gouvernement Legault va utiliser les services d’une entreprise du fondateur de Tesla, Elon Musk, afin de respecter sa promesse d’offrir l’accès internet haute vitesse dans les régions mal desservies avant la fin de son mandat. Un peu plus de 10 000 foyers éloignés seront branchés par le service de l’entreprise américaine.

Les satellites à basse orbite de Starlink, exploités par SpaceX, étaient la meilleure solution technologique pour connecter les ménages les plus difficilement atteignables par la fibre optique, défend l’adjoint parlementaire du premier ministre, volet internet haute vitesse, Gilles Bélanger, lors d’une conférence de presse à Sherbrooke, lundi. En raison de leur éloignement géographique, certains foyers peuvent difficilement être raccordés à un réseau de fibre optique, a-t-il expliqué.

« La seule solution pour brancher ces ménages orphelins, c’est la solution de SpaceX. Moi, je ne fais aucun lien avec Elon Musk, je fais le lien avec la solution technologique, qui est la plus avancée. »

Si la fibre optique a été priorisée lorsque c’était possible, les foyers qui seront connectés à l’internet haute vitesse par satellite auront une aussi bonne connexion, assure M. Bélanger. Starlink pourra offrir un débit de 100 mégabits (Mbit/s) de téléchargement tandis qu’une connexion est considérée comme étant à haute vitesse à partir de 50 Mbit/s. « Souvent les gens vont confondre l’ancien satellite à haute orbite avec le nouveau satellite à basse orbite. Il n’y aura aucun problème en termes de qualité de service internet. »

Québec accorde donc un financement de 50 millions afin de permettre le déploiement du service de transmission satellitaire de Starlink. Le gouvernement espère avoir connecté 10 200 foyers au sud du 57e parallèle d’ici le 30 septembre 2022. Une aide de 9,5 millions sera également accordée aux ménages visés afin d’assumer la totalité du coût d’acquisitions des équipements de réception.

L’octroi du contrat à une entreprise américaine soulève des questions, croit la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, qui a précisé en point de presse ne pas avoir eu l’occasion de connaître tous les détails de l’entente. « J’aurais préféré qu’on fasse affaire avec des gens qui sont ici au Québec. De comprendre la nécessité de faire affaire avec cette entreprise-là alors qu’on en a ici au Québec, ça, c’est la première question que j’aurais posée au gouvernement. »

Le secrétaire général associé au Conseil exécutif du Québec, Stéphane Le Bouyonnec, a répondu que les entreprises locales auraient été priorisées lorsque possible. « On a donné tout ce qu’on pouvait donner à des entreprises québécoises et canadiennes. Les gros joueurs, mais aussi les plus petits joueurs. »

Une course avant l’élection

Le gouvernement Legault prévoit aussi qu’il aura atteint son objectif d’offrir l’accès à l’internet haut débit à 250 000 ménages d’ici la fin septembre, soit avant la fin de son mandat. Ce chiffre inclut les 10 000 foyers qui seront raccordés par le service de Starlink.

Ces foyers devront avoir accès à une connexion d’au moins 50 Mbit/s de téléchargement et 10 Mbit/s de téléversement, avec une capacité de transfert de données illimitée.

M. Bélanger aurait aimé lancer l’entente avec Starlink, un peu plus tôt, mais le conflit en Ukraine l’a forcé à retarder ses plans de quelques mois, affirme-t-il. L’entreprise américaine a laissé de la capacité au gouvernement ukrainien qui avait besoin des satellites pour se défendre contre l’invasion russe. « Je pense que c’était une bonne action de notre part de retarder de quelques mois. »

Le dévoilement d’une carte interactive où l’on pourra surveiller le déploiement de l’internet à haute vitesse à travers le Québec a aussi été annoncé, lundi. La carte permettra de suivre la situation de connexion pour une adresse, une municipalité ou une région.

Québec avait budgété 1,3 milliard pour accélérer le branchement des régions éloignées.

En point de presse, M. Le Bouyonnec a précisé qu’environ 1,1 milliard a été engagé, incluant l’annonce de lundi. Le fédéral a participé à hauteur d’environ 470 millions à ce financement, ce qui porte la part de Québec à environ 610 millions.