(Washington) Washington a décidé d’abandonner son projet de forcer le groupe chinois ByteDance à vendre les opérations américaines de la populaire application TikTok aux groupes Oracle et Walmart, rapporte mercredi le Wall Street Journal.

La nouvelle administration de Joe Biden n’a toutefois pas encore finalisé la réponse qu’elle compte apporter à ce dossier, ajoute le journal, citant des sources anonymes.

« Ce n’est pas vrai de suggérer qu’il y a (dans ce dossier) une nouvelle étape » franchie par l’administration Biden, a nuancé Jen Psaki, la porte-parole de la Maison-Blanche lors d’un point presse. « Si nous avons des annonces à faire, nous le ferons », a-t-elle poursuivi sans toutefois démentir l’information sur le fond.

Elle a toutefois confirmé, comme le rapporte le Wall Street Journal, que le gouvernement était en train de passer en revue les efforts engagés par l’ancien président Donald Trump pour contrer les risques à la sécurité nationale posés par les compagnies technologiques chinoises, notamment pour ce qui est de la collecte des données d’utilisateurs américains.

« C’est une revue générale qui s’étend au-delà de TikTok bien évidemment », a souligné Jen Psaki.

Dans cette optique, le gouvernement Biden a demandé à la justice américaine de suspendre l’examen d’un appel formulé fin décembre par l’administration précédente dans ce dossier tentaculaire, selon des documents judiciaires consultés par l’AFP.

Des discussions se poursuivent entre ByteDance, la maison mère chinoise de TiktTok, et des responsables américains, affirme encore le Wall Street Journal.

Elles portent sur la sécurité des données et les moyens d’éviter que les informations des abonnés américains de TikTok ne soient accessibles au gouvernement chinois.

Bataille judiciaire

Tout accord sera différent de la solution envisagée en septembre par l’administration Trump, ont indiqué les sources au WSJ.

Estimant que TikTok faisait peser une menace sur la « sécurité nationale des États-Unis », l’administration Trump avait exigé que la populaire application de partage de vidéos légères passe sous pavillon américain.

Donald Trump avait ainsi donné son accord de principe à une offre de ByteDance prévoyant qu’Oracle et Walmart prennent 20 % des parts d’une société nommée TikTok Global, responsable des activités mondiales de la plateforme et dont le siège serait situé aux États-Unis.

Mais des proches du président avaient estimé que les investisseurs américains devaient exercer un contrôle majoritaire sur la nouvelle entité.

La position de ByteDance avait par la suite évolué, le groupe proposant la création d’une société hébergeant ses activités américaines, ce qui laissait entendre qu’il serait prêt à abandonner sa majorité.

Contactés par l’AFP, le Trésor, le ministère du Commerce, TikTok et Oracle n’ont pas donné suite. Walmart n’a pas souhaité commenter.

Tout est parti d’un décret pris en août dans le cadre de plusieurs lois sur l’urgence nationale afin de réclamer des mesures contre TikTok, qui revendique 100 millions d’utilisateurs aux États-Unis.

L’administration américaine accusait TikTok d’espionnage au profit du gouvernement chinois, des accusations rejetées par le groupe.

Il s’en était suivi une bataille judiciaire qui continue puisque Washington a fait appel, fin décembre, d’une décision de justice empêchant le ministère du Commerce d’imposer à TikTok des restrictions, qui auraient abouti à l’interdiction du réseau social aux États-Unis.

L’administration Biden a demandé à la cour d’appel mercredi de lui donner 60 jours pour étudier le dossier et voir si elle maintient la requête formulée par le gouvernement Trump.

« Le département du Commerce demeure déterminé à assurer une robuste défense de la sécurité nationale et à garantir la viabilité de notre économie en préservant les droits des individus et les données personnelles », écrit l’administration Biden dans des documents judiciaires.

Tout accord que conclura ByteDance sera soumis à l’approbation de Pékin, qui impose des restrictions sur les exportations de technologies développées par des entreprises chinoises.