Vous trouvez qu’il manque une odeur de poudre et des bruits de bottes militaires dans les jeux vidéo RPG axés sur la narration ? Ubisoft Montréal tente depuis 2008 de combiner les deux genres avec sa franchise Far Cry, et l’opus 6 qui arrivera sur les tablettes ce jeudi en est le digne successeur. Mais ne soyez pas déçu : derrière l’histoire bien mise en place se cache une œuvre qui va surtout plaire aux amateurs des combats, ici omniprésents.

Est-ce le chaud soleil d’une île tropicale ressemblant à Cuba ? Est-ce à cause des dialogues que nous avons trouvés plus inventifs et percutants que jamais ? Nous devons reconnaître qu’on s’attache bien volontiers à la proposition de ce Far Cry 6, même si nous ne sommes pas de grands adeptes des jeux de tir à la première personne d’inspiration militaire, à la Call of Duty et Rainbow Six.

Élu et sanguinaire

Tout se joue ici sur le territoire d’une île de toute évidence inspirée de Cuba, Yara, menée depuis 1967 par un guérillero du nom de Santos Espinosa et étouffée par un blocus. À sa mort, c’est le fils du président dégommé par la révolution, Anton Castillo, qui arrive à se faire élire en promettant le retour de la prospérité. Il est en fait un pur tyran sanguinaire et psychopathe, qui multiplie exécutions, et esclavage dès les premières minutes du jeu. Le socle de son pouvoir, c’est la production d’un médicament contre le cancer inventé par les scientifiques de Yara et qu’on exporte : le viviro, extrait de plants de tabac arrosés d’un produit toxique.

Pour contrer ses plans, vous êtes un orphelin ou une orpheline — le choix vous est laissé dès le départ —, Dani Rojas. Votre exode vers les États-Unis est saboté quand les militaires de Castillo s’emparent de votre bateau, qui transportait malencontreusement le fils même du dictateur, Diego. Dani se joint alors aux rebelles de Libertad et se fait la main aux techniques de guérilla sur leur île, la Isla Santuario.

SAISIE D’ÉCRAN LA PRESSE

Les combats dans Far Cry 6 sont d’un réalisme terrifiant, que ce soit pour attaquer et faire exploser les destroyers de Castillo ou descendre des hélicoptères et des tanks qui vous harcèlent.

Légendes et victimes

La table est mise, le reste de l’histoire consistera essentiellement à éliminer les soldats des cinq régions de Yara, à réunir les bandes de guérilleros, à piller essence, armes et munitions et à accomplir de menues missions secondaires. On a le choix entre deux difficultés : le monde Action, pour joueurs aguerris, et le monde Histoire, pour ceux qui ne veulent pas voir leur personnage mourir trop souvent. Nous avons opté pour ce deuxième mode qui permet de couper court aux combats les plus difficiles, mais qui contient tout de même des défis particulièrement corsés.

Comme tout bon jeu de combat, le principal défi ici est d’améliorer son armement, trouver sans cesse des munitions et des matériaux et grimper les échelons pour devenir un meilleur guérillero. L’autre défi, dans notre cas, est de ne pas être trop étourdi par cette mécanique de jeu à la première personne que nous trouvons bien déboussolante. On côtoie d’anciennes légendes de la révolution de 1967, d’ex-militaires de Castillo écœurés par ses actes et des victimes qui ont décidé de prendre les armes.

Et comme il s’agit d’Ubisoft Montréal, la mécanique est tout à fait huilée. Le graphisme de cette île tropicale est magnifique, et on baigne sans cesse dans la musique cubaine — oups, yarane — lorsqu’on conduit une vieille bagnole datant des années 50 transformées en tank, ou qu’on chevauche sa monture pour boucler les trajets qui sont clairement indiqués sur la carte. Les combats sont d’un réalisme terrifiant, que ce soit pour attaquer et faire exploser les destroyers de Castillo ou descendre des hélicoptères et des tanks qui vous harcèlent.

Outre les points vers lesquels on peut être téléporté, un ajout toujours apprécié, on dispose de véhicules qu’on peut appeler en tout moment, d’un parachute qui permet de tomber en douce sur les ennemis.

On a droit à quelques ajouts tout à fait délicieux, d’abord en se faisant accompagner d’un animal-crocodile, grand félin ou chien saucisse handicapé dans notre cas — qui peut attaquer ou distraire les ennemis. Les armes de Dani comportent quelques classiques mitraillettes et fusils d’assaut, mais vous pouvez également compter sur des bricolages de votre camarade Juan Cortez, comme ces invraisemblables Supremo et Tostador qui servent à griller et à faire exploser les méchants. Ce vétéran de la guérilla un brin alcoolique et toujours moqueur ajoute indéniablement du piquant à la sauce Far Cry.

Poésie guerrière

Cette verve narrative indéniable arrive presque à nous faire oublier qu’il s’agit bien d’un jeu d’action à la première personne, qui offre comme il se doit une panoplie étourdissante d’armes et de munitions dans lesquelles on se perd rapidement. Au bout de 14 missions bouclées, nous n’arrivons toujours pas à bien comprendre l’utilité de certaines pièces ou la supériorité de certaines armes.

Et les combats ont beau être variés, sur mer, sur terre ou dans la forêt, ils sont très nombreux et nous semblent quelque peu répétitifs à la longue. Mais on doit lever notre chapeau aux artisans de Far Cry 6 qui ont réussi à glisser une certaine poésie et une histoire plutôt prenante à un jeu de guerre.

Far Cry 6

IMAGE FOURNIE PAR UBISOFT

Développeurs : Ubisoft Montréal, Ubisoft Toronto
Plateformes : PlayStation, Xbox, Stadia, PC, Luna
Prix : 79,99 $ (édition standard)
Note : 4 sur 5

Ce jeu a été essayé sur une PS5 avec un exemplaire fourni par Ubisoft.