(Bruxelles) Epic Games, l’éditeur du célèbre jeu vidéo Fortnite, a annoncé mercredi avoir déposé une plainte contre Apple auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante dans la distribution et les systèmes de paiement des applications mobiles.

Cette plainte « vient compléter » d’autres procédures juridiques lancées par l’entreprise aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni, a rappelé Epic Games dans un communiqué.

L’éditeur du jeu de tir et de survie Fortnite accuse Apple de contraindre les développeurs d’applications à distribuer leurs produits exclusivement via sa propre plateforme App Store et à utiliser uniquement les systèmes de paiement du fabriquant de l’iPhone, au prix de commissions qui peuvent atteindre 30 % des recettes.

« C’est l’avenir même des plateformes mobiles qui est en jeu », a déclaré Tim Sweeney, le fondateur et PDG d’Epic Games, cité dans le communiqué. « Les consommateurs ont le droit d’installer des applications à partir des sources de leur choix et les développeurs ont le droit d’être en compétition dans un marché équitable », a-t-il ajouté, dénonçant « des prix excessifs » pour les consommateurs causés par le manque de concurrence.

Comme d’autres développeurs, l’éditeur de jeux vidéo a poursuivi Apple aux États-Unis pour pratiques anticoncurrentielles, tandis que la marque à la pomme défend son écosystème fermé par la volonté de protéger la sécurité des données d’utilisateurs.

Epic Games avait tenté en août 2020 de contourner la technologie de paiement d’iOS, le système d’exploitation d’Apple. Le groupe de Cupertino (Californie) avait aussitôt retiré Fortnite de l’App Store, constatant une rupture des règles du contrat liant les deux entreprises.

« D’une manière qualifiée de trompeuse et clandestine par un juge, Epic a activé dans son application une fonctionnalité qui n’a pas été examinée ou approuvée par Apple, et ce dans l’intention expresse de violer les directives de l’App Store qui […] protègent les clients », a réagi mercredi le géant des technologies.

Dans cette affaire, Epic Games « a utilisé les clients comme des pions, et nous sommes impatients de le faire savoir clairement à la Commission européenne », a-t-il ajouté.

La compagnie a par ailleurs souligné les bénéfices tirés de la présence sur sa plateforme. « Epic a été l’un des développeurs les plus performants de l’App Store, devenant une entreprise de plusieurs milliards de dollars qui touche des millions de clients iOS dans le monde entier, y compris dans l’UE », affirme Apple.

Apple était cependant déjà dans le viseur de la Commission européenne, qui a ouvert plusieurs enquêtes contre le groupe, dont une consécutive à une plainte du numéro un mondial du streaming musical, le suédois Spotify, pour abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne.

En attaquant à son tour auprès de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, Epic demande à Bruxelles « de remédier au comportement anticoncurrentiel d’Apple en imposant des mesures correctives rapides et efficaces ».

Apple et les autres géants américains de la tech – Google, Facebook, Amazon et Microsoft –, sont par ailleurs visés en Europe par un projet de nouvelle législation, le Règlement sur les Marchés Numériques (« Digital Markets Act », DMA) qui entend limiter leur toute puissance.

Mais le texte, présenté en décembre, n’en est qu’au début d’un processus législatif qui pourrait s’étaler sur trois ans, selon certains experts.