(Washington) TikTok a 45 jours pour convaincre le gouvernement de Donald Trump ou la justice de ne pas le bannir des États-Unis, en trouvant un accord avec des entreprises américaines ou en prouvant devant les tribunaux qu’une telle interdiction serait illégale.

Le juge Carl Nichols, d’un tribunal de Washington, a accordé dimanche au réseau social détenu par le groupe chinois ByteDance qu’un retrait des plateformes de téléchargement d’applis mobiles lui causerait des « dommages irréparables », d’après ses explications publiées lundi.

C’était l’un des arguments de TikTok, qui compte 100 millions d’utilisateurs aux États-Unis et en gagnait quelque 424 000 nouveaux par jour au début de l’été.

« La nature des réseaux sociaux fait que les utilisateurs sont peu susceptibles de revenir sur une plateforme qu’ils ont abandonnée », note le juge.

Le ministère du Commerce avait ordonné ce retrait des « App Stores » comme première étape dans l’application d’un décret présidentiel du 6 août, où Donald Trump évoque le risque de transferts de données d’utilisateurs vers la Chine, qualifie de TikTok de menace pour la « sécurité nationale » et annonce qu’il sera interdit à moins de passer sous giron américain.

L’étape suivante consiste donc en l’interdiction totale de TikTok aux États-Unis, que le réseau de vidéos courtes conteste aussi en justice.

Mais Carl Nichols a refusé de statuer sur ce point, estimant que la question méritait d’être débattue plus avant lors de nouvelles procédures, avant le 12 novembre, la date fatidique fixée par le ministère.

« L’objectif ultime de ces interdictions est de protéger la sécurité nationale en empêchant la Chine d’accéder aux données et d’influencer les contenus sur TikTok », reconnaît le juge.

Mais il ajoute, en accord avec TikTok, que les interdictions du gouvernement peuvent être considérées comme « des régulations indirectes de “communications personnelles” ou “d’échange d’informations” ».  

Or ce type de régulation n’est pas inclus dans le cadre des pouvoirs économiques spéciaux (IEEPA) invoqués par Donald Trump pour interdire TikTok.

Mais le réseau social est loin d’être tiré d’affaire.

Selon le ministère du Commerce, cité par le juge, le parti communiste chinois « construit des bases de données massives avec les données personnelles d’Américains », afin d’aider « le gouvernement chinois à approfondir sa collecte de renseignements pour mieux comprendre qui cibler en termes d’espionnage, numériquement ou via des ressources humaines ».

TikTok se bat depuis des mois pour prouver son ancrage aux États-Unis et mène des négociations avec des sociétés américaines.

Le réseau a confirmé le week-end dernier un accord pour créer une nouvelle société, TikTok Global, avec Oracle en tant que partenaire technologique aux États-Unis et Walmart en tant que partenaire commercial.

Mais la finalisation dépend du bon vouloir du président américain et du gouvernement chinois.