(Washington) Un juge américain va décider dimanche avant minuit si TikTok reste disponible ou non sur les plateformes de téléchargement d’applications aux États-Unis, énième rebondissement dans la saga diplomatico-technologique lancée par le président Donald Trump au nom de la « sécurité nationale ».

Le 18 septembre, TikTok a déposé un recours en urgence contre la décision du département du Commerce de bannir le réseau social des magasins d’applis, qui empêcherait de nouveaux utilisateurs de l’adopter, et les 100 millions d’utilisateurs américains actuels d’avoir accès aux mises à jour automatiques, nécessaires pour son bon fonctionnement.

Le juge Carl Nichols a de nouveau entendu dimanche matin, dans une audience par téléphone, les avocats de TikTok, qui appartient au groupe chinois ByteDance, et ceux de l'administration américaine.

Début août, Donald Trump a signé un décret pour forcer ByteDance à vendre la plateforme à une entreprise américaine, évoquant une menace pour la « sécurité nationale ». Il accuse depuis longtemps TikTok d’espionnage sur ses utilisateurs au profit de Pékin, sans preuves.

Les négociations avec des sociétés américaines, notamment Oracle et Walmart, patinent à cause des réticences des gouvernements des deux pays à donner leur accord.

Si les tractations n’aboutissent pas, une interdiction complète des activités du réseau sur le sol américain pourrait entrer en vigueur à partir du 12 novembre, a prévenu le Trésor américain.

Mais d’ici là, bloquer les téléchargements de l’application serait inconstitutionnel, argumente TikTok, et enfreindrait le droit à la liberté d’expression, surtout à l’approche de la présidentielle du 3 novembre.

« TikTok est bien plus qu’une application, c’est la version moderne du forum public, c’est une communauté, c’est un moyen de communication […] d’autant plus important en temps de pandémie », a fait valoir l’avocat John Hall. « Si l’interdiction entre en vigueur, c’est comme si le gouvernement empêchait les deux tiers du pays de venir à l’agora ».

L’entreprise assure aussi que cela lui causerait des dommages irréparables, alors qu’elle gagnait quelque 424 000 nouveaux utilisateurs américains par jour au début de l’été.

Et l’interruption des mises à jour aurait pour conséquence directe, ironiquement, « d’éroder la sécurité » pour les utilisateurs actuels, a ajouté dimanche M. Hall.

De son côté le gouvernement dit vouloir empêcher que de nouveaux utilisateurs soient exposés au risque de voir leurs données pillées par la Chine.

Mais pour TikTok, les attaques répétées de Donald Trump ont une motivation purement politique.  

Bloquer les téléchargements est une action « punitive », « une façon brutale de taper sur l’entreprise en n’accomplissant rien du tout » pour la sécurité, a assené John Hall.