(Toronto) L’organisme Les Amis de la radiodiffusion interpelle Ottawa dans le but d’empêcher les réseaux sociaux de laisser circuler des contenus nuisibles ou haineux en les soumettant aux mêmes règles que les éditeurs et les diffuseurs.

De l’avis du directeur général de l’organisme, les tribunaux devraient pouvoir sévir contre les plateformes qui laissent circuler des contenus diffamatoires ou haineux en toute connaissance de cause.

Daniel Bernhard a formulé ce commentaire peu après la publication d’une recherche par Les Amis de la radiodiffusion qui conclut que les réseaux sociaux ne sont pas neutres ou passifs dans la distribution de contenu.

Selon le rapport, les plateformes comme Facebook et YouTube exercent régulièrement un contrôle éditorial en promouvant du matériel que les utilisateurs n’ont jamais réclamé ou encore en dissimulant des éléments sans en informer les utilisateurs.

L’analyse rappelle que les éditeurs traditionnels peuvent être tenus en partie responsables selon la loi canadienne sur les contenus illégaux, mais ce standard n’est pas appliqué aux plateformes en ligne.

Facebook n’a pas commenté la recherche ni les commentaires de Daniel Bernhard.

Le document a été publié au moment où le parlement reprend ses travaux à Ottawa, cette semaine, et que le gouvernement Trudeau s’apprête à dévoiler ses intentions pour la prochaine session.

Entre autres choses, Daniel Bernhard a souligné que les réseaux sociaux se vantent régulièrement devant les régulateurs et les publicitaires de posséder des informations détaillées sur tout ce qui est publié sur leurs plateformes et qu’ils exercent un contrôle sur ce qui est rendu disponible au public.

« Mark Zuckerberg a déclaré sous serment que Facebook retire 99 % de tous les contenus faisant l’apologie du terrorisme avant qu’un œil humain ne les voie [et] 89 % des discours haineux », a mentionné M. Bernhard.

PHOTO ERIN SCOTT, ARCHIVES REUTERS

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg

Selon lui, cela veut dire que Facebook en particulier, mais aussi tous les réseaux sociaux en général, devrait être soumis aux mêmes responsabilités prévues par les lois canadiennes.

« Si un juge détermine qu’un élément de contenu est illégal et qu’une plateforme a participé à amplifier sa visibilité, la plateforme devrait être tenue responsable. Non seulement ça, les sanctions devraient être proportionnelles à leurs revenus et à leur stature afin d’être conséquent », suggère-t-il.