(San Francisco) Facebook et Google ont ajouté jeudi de nouveaux outils à leur stratégie de protection des élections américaines, qui consiste à afficher en priorité des informations fiables sur le vote tout en luttant activement contre les diverses tentatives de manipulation des électeurs.

YouTube va ainsi interdire les vidéos contenant des informations obtenues grâce à des piratages — comme des courriels de candidats aux élections — qui pourraient perturber des processus démocratiques.

Google avait déjà fait savoir plus tôt ce mois-ci que les publicités contenant des infos piratées n’auraient bientôt plus droit de séjours.

Sur sa plateforme vidéo, les contenus qui encouragent les spectateurs à perturber le processus électoral seront aussi retirés.

L’annonce s’ajoute aux nombreux efforts des réseaux sociaux pour prouver qu’ils ont tiré les leçons des scrutins de 2016, dont la présidentielle aux États-Unis et le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, marqués par des campagnes d’influence déguisées, principalement orchestrées depuis la Russie.

« Les campagnes de désinformation sont les plus virulentes quand elles se produisent dans un vide informationnel », a remarqué Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la cybersécurité de Facebook, lors d’une conférence de presse jeudi.

Lutter contre ces opérations étrangères ou domestiques nécessite donc non seulement de les déjouer, mais aussi de « s’assurer que les gens ont accès à des infos fiables et authentiques lors d’évènements majeurs », comme la présidentielle américaine de novembre ou la pandémie.

Le réseau social dominant a ainsi annoncé jeudi la mise en place d’un « centre d’information » sur l’élection présidentielle aux États-Unis, sorte de guichet unique sur le modèle de celui créé sur le coronavirus, pour dispenser les recommandations officielles.

Il s’agit cette fois d’encourager les citoyens à participer. Ils pourront vérifier grâce à cet outil s’ils sont bien inscrits pour voter dans leur État, et seront renvoyés vers le bon site internet dans le cas contraire.  

Ils pourront aussi consulter directement les règles de leur État concernant le vote par correspondance, devenu très important dans un contexte de crise sanitaire et de distanciation sociale.

Quatre millions d’électeurs

Facebook assure qu’il s’agit d’un « effort non-partisan ».

« En raison de la pandémie, le centre est également conçu pour aider les gens à naviguer dans ce processus électoral confus », a-t-il ajouté dans un communiqué.

« En 2016, 92 millions d’Américains éligibles n’ont pas voté », rappelle le blogue de la plateforme.

En juin, Mark Zuckerberg, le patron du groupe, s’est fixé l’objectif ambitieux de contribuer à l’inscription de quatre millions d’Américains supplémentaires sur les listes électorales.

Facebook lance également une fonctionnalité d’« alerte » permettant aux autorités de contacter rapidement les électeurs en cas de changement de dernière minute apporté à ces règles, une section d’informations « factuelles » sur le vote, et un outil de recrutement des assesseurs pour organiser les élections.

« Nous continuerons à réduire la capacité des réseaux malveillants à profiter de l’incertitude entourant la pandémie pour interférer avec les élections », écrit Facebook.

En plus de la crise de la COVID-19 et des appréhensions liées au scandale de 2016, la campagne présidentielle de 2020 voit Donald Trump, en difficulté dans les sondages, multiplier les déclarations provocatrices.

Le milliardaire américain, qui a évoqué récemment un possible report de l’élection, a accusé à plusieurs reprises le vote par correspondance de favoriser des fraudes électorales, sans la moindre preuve.