Alors que des milliards d’appareils en tous genres vont se connecter à l’internet dans les prochaines années, une petite entreprise montréalaise, HaiLa, fait miroiter une possibilité alléchante : une technologie de communication qui consomme si peu d’énergie que les batteries deviendraient pratiquement « éternelles ».

« Enfin, quand on dit ‟éternelles”, on parle de batteries qui durent aussi longtemps que l’appareil lui-même, disons une dizaine d’années », précise Charlotte Savage, qui a étudié le génie mécanique à l’Université Concordia et fondatrice de HaiLa.

Pour explorer la viabilité commerciale de sa technologie, HaiLa annoncera mardi matin avoir réussi à lever 5 millions en financement de démarrage. La ronde a été dirigée par le fonds de capital de risque Chrysalix Ventures, établi au Kentucky, aux États-Unis, et comprend des investisseurs comme le Fonds Ecofuel de Cycle Capital et TandemLaunch.

500 fois moins énergivore

La technologie de communication mise au point par HaiLa depuis 2017, si elle s’avère commercialement rentable, est prometteuse. Essentiellement, on utilise les signaux de communication déjà présents qui sont réfléchis passivement par une puce. Celle-ci utilise en quelque sorte les ondes comme une « vague », comme le ferait un surfeur, ce qui engendre une diminution spectaculaire de la consommation électrique. La technologie de HaiLa, selon les mesures affichées sur son site, consommerait 25 fois moins d’énergie que le protocole Zigbee, très utilisé en domotique. Comparée au WiFi, elle serait jusqu’à 500 fois moins énergivore.

« Le concept de base n’est pas nouveau, mais c’est la façon dont nous l’utilisons qui l’est, précise Charlotte Savage. Je cherchais depuis longtemps des solutions nécessitant peu d’énergie. J’ai commencé dans une entreprise de technologie médicale, il était impossible d’avoir des appareils qui n’avaient pas une grosse batterie. Je trouvais ça très peu pratique. »

Les premiers domaines qui pourraient profiter de cette technologie sont les usines, estime-t-elle, qui pourraient installer des armées de capteurs pour suivre en temps réel toutes leurs étapes de production. « C’est un environnement relativement statique. Les interférences sont un gros problème pour les capteurs. »

La fondatrice relève également l’aspect environnemental de cette technologie, qui combine gains d’énergie et utilisation réduite de batteries. Elle rêve de pouvoir étendre son utilisation au domaine de la santé, où les besoins lui apparaissent infinis. « On peut débloquer tellement de possibilités… Les urgences sont pleines de gens dont on ne peut monitorer tous les signes vitaux. Le volume de données qu’on peut capter avec une telle technologie est révolutionnaire. »