Un processeur 100 % Apple, unifiant toutes les fonctions d’un ordinateur en une seule puce puissante appelée M1 et permettant aux applications de passer d’un iPad ou d’un iPhone à un ordinateur Mac. C’est le « gigantesque pas en avant », selon un responsable d’Apple, que l’entreprise a présenté ce mardi, et qui sera intégré dans trois ordinateurs qui seront mis en vente la semaine prochaine.

Annoncée en juin dernier, cette transition d’Apple des processeurs Intel vers sa propre architecture baptisée Apple Silicon prendra « des années à compléter », a précisé le PDG Tim Cook. Alors que les ordinateurs combinent généralement des composantes provenant de plusieurs fabricants, la puce M1 regroupe notamment en une seule plateforme le processeur (CPU), la carte graphique (GPU) et la mémoire vive dynamique (DRAM). Il s’agit d’une architecture dite « ARM », généralement réservée aux appareils moins puissants comme les tablettes, mais qui s’est popularisée dans les ordinateurs. Le résultat de cette intégration, selon Apple, c’est une efficacité énergétique inégalée avec ses 16 milliards de transistors, une pile pouvant durer jusqu’à 20 heures et une vitesse augmentée de 250 %.

Sans ventilateur

Les trois premiers produits qui disposeront de cette nouvelle technologie, présentés ce mardi, sont le MacBook Air, le Mac mini et le MacBook Pro. L’inclusion de ce dernier modèle, le plus puissant des ordinateurs portables d’Apple, était attendue et confirmait depuis des semaines la confiance placée dans cette nouvelle puce.

Dans le cas du MacBook Air 13 pouces, on a notamment annoncé qu’il ne comporterait aucune ventilation mécanique, ce qui en fait un ordinateur totalement silencieux. Il sera en vente à partir de 1299 $. Le Mac mini voit son prix baisser de près de 100 $ et coûtera 899 $. Quant au MacBook Pro, il profite de l’efficacité accrue de cette nouvelle plateforme pour atteindre une autonomie de 20 heures pour la rediffusion vidéo, soit le double de la génération précédente. Il sera en vente à un prix de départ de 1699 $.

Tous ces nouveaux modèles profiteront du système d’exploitation qui sera lancé ce jeudi, Big Sur.

Mobiles et Mac

La présentation d’Apple a été l’occasion d’un véritable feu d’artifice de statistiques : GPU six fois plus rapide, apprentissage machine 15 fois plus leste, 11 000 milliards d’opérations à la seconde et efficacité trois fois plus grande par watt que les compétiteurs. Ce qui sera notable pour l’utilisateur, c’est la migration des applications mobiles pour iPhone et iPad, qui seront désormais compatibles avec les ordinateurs Mac, par exemple Waze, TuneIn ou LaPresse+.

Ce qui garantira, a annoncé John Ternus, vice-président à l’ingénierie chez Apple, « la plus grande collection d’applications jamais disponibles sur un Mac ». Pour les applications conçues pour Intel, on a prévu une plateforme de traduction appelée Rosetta 2.

Une transition « sans douleur »

Pour Pierre-Luc Simard, vice-président, technologie, chez Mirego, une importante firme montréalaise de produits numériques, il s’agit de bonnes nouvelles pour les consommateurs et les développeurs. « Il y a beaucoup d’applications d’iPad, par exemple, qu’on aimerait voir sur son ordinateur avec le clavier et la souris. Pour les développeurs, c’est une superbe opportunité d’ajouter une plateforme sans trop d’efforts, sans avoir besoin de réécrire le code. On a ici une transition sans douleur. »

Il y a belle lurette que l’architecture ARM, avec ses circuits imprimés polyvalents regroupés en une seule puce, est passée des téléphones aux ordinateurs. Microsoft et, plus récemment, Samsung ont fait le saut. Pour M. Simard, les gains d’efficacité hérités des téléphones intelligents depuis plus de deux décennies rendent les prétentions d’Apple crédibles. « Le fait que le CPU, le GPU et la RAM soient au même endroit diminue énormément le temps de transfert de données. C’est significatif. »

Selon des sites spécialisés, Google et Facebook, notamment, auraient décidé de ne pas rendre leurs applications iOS compatibles avec la nouvelle architecture Apple Silicon sur les ordinateurs. Pour le vice-président de Mirego, l’enjeu réside surtout dans les informations que ces entreprises pouvaient collecter dans les navigateurs web et qui sont plus limitées dans les applications iOS offertes dans l’App Store. « Un Mac, ça reste plus ouvert pour aller voir ce qui se passe sur le disque dur que ce qui est possible sur un iPhone et un iPad. »