(New York) L’application chinoise de partage de vidéos TikTok, menacée d’interdiction aux États-Unis par un décret de Donald Trump qui l’accuse d’espionnage pour le compte de Pékin, va lancer une riposte juridique dans la semaine à venir.

« Pour garantir que le droit est respecté et que notre entreprise et nos utilisateurs sont traités équitablement, nous n’avons pas d’autre choix que de contester le décret (signé par M. Trump) par le biais du système judiciaire », écrit TikTok dans un message transmis samedi à l’AFP.

Le recours sera déposé dès lundi, a précisé ByteDance, le groupe chinois ByteDance auquel appartient l’appli, un peu plus tard dans un autre communiqué.

Sans preuve tangible, le président américain reproche depuis des mois à la plateforme de partage de vidéos de siphonner les données des utilisateurs américains au profit de Pékin.  

Il a, le 6 août, interdit à l’application toute transaction avec des partenaires américains sous les 45 jours.  

Sur fond d’un regain de tensions commerciales et politiques entre les États-Unis et la Chine, le président a signé un décret du même ordre contre la plateforme WeChat, qui appartient au géant chinois Tencent.

Pékin avait dans la foulée de ces décrets dénoncé « une manipulation et une répression politiques ».

« Aucune attention aux faits »

Les décrets ne précisent pas les conséquences pratiques, mais l’interdiction de toute transaction avec les deux entreprises pourrait obliger Google et Apple à retirer les deux réseaux de leurs magasins d’applis, empêchant, de fait, de les utiliser aux États-Unis.

TikTok, qui avait a déjà menacé d’engager des poursuites judiciaires contre cette décision, prévoit donc de mettre sa menace à exécution dans les jours à venir.

« Bien que nous ne soyons pas du tout d’accord avec les accusations de l’administration américaine, nous cherchons depuis près d’un an à engager des discussions de bonne foi pour trouver une solution », explique l’application samedi.

« Mais nous nous sommes heurtés à la place à un manque de respect des procédures légales dans la mesure où l’administration ne prête aucune attention aux faits et tente de s’immiscer dans des négociations entre entreprises privées », ajoute TikTok.  

L’application n’a pas précisé auprès de quelle juridiction elle prévoit d’engager ses poursuites ni sur quels motifs exacts.

TikTok a construit son succès sur des outils de création et de partage de vidéos courtes, décalées, jouant sur la musique et l’humour, et diffusées par des algorithmes en fonction des goûts de chacun et non des contacts.

La plateforme de divertissement compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, avec une popularité qui s’est renforcée à la faveur des mois de confinement.

Elle est engagée dans une campagne de relations publiques depuis plusieurs mois pour installer une image de réseau responsable et ancré aux États-Unis, lancant par exemple lundi un nouveau site web pour combattre les « rumeurs » sur son compte.  

Arguant de problèmes de sécurité nationale, le locataire de la Maison-Blanche a aussi donné jusqu’à environ mi-novembre à ByteDance pour vendre les opérations américaines du réseau, sous peine de le bloquer aux États-Unis.

Le géant des logiciels Microsoft était le premier sur les rangs.  

Mais Donald Trump a récemment exprimé son soutien à une éventuelle offre d’achat par Oracle. Ce groupe informatique a été co-fondé par Larry Ellison, qui a levé des millions de dollars de fonds pour la campagne du locataire de la Maison-Blanche.