(Londres) Le gouvernement britannique a multiplié les déclarations lundi rappelant qu’il considère le géant chinois des équipements télécoms Huawei comme « hautement risqué » pour la sécurité du futur réseau de 5G du pays et qu’il pourrait à terme s’en passer.

D’après le quotidien The Financial Times, le gouvernement conservateur de Boris Johnson pourrait présenter un plan pour éliminer Huawei du réseau britannique de 5G ce mois-ci.  

Selon The Telegraph, ce retrait pourrait démarrer dès cette année et s’achever en 2029, ce que certains conservateurs considèrent comme un horizon trop éloigné.

« Je suis déterminé à ce que l’internet à haut débit arrive dans tout le pays et je pense que nous pouvons le faire. Je suis aussi déterminé à ce que le Royaume-Uni ne soit pas vulnérable aux fournisseurs très risqués », a fait valoir Boris Johnson lundi.

De son côté, Oliver Dowden, ministre chargé du Numérique, de la Culture, des Médias et du Sport, a répété lundi dans les médias britanniques que Downing Street voulait « diversifier ses équipements pour réduire la part des fournisseurs à haut risque, Huawei étant le principal d’entre eux ».  

M. Dowden a confirmé la réception d’un rapport du Centre national sur la cybersécurité à propos des sanctions américaines sur Huawei, lesquelles pourraient avoir « un impact important sur la fiabilité des équipements de Huawei et sur la possibilité de les utiliser en toute sécurité ».

L’administration Trump accuse Huawei d’être à la solde de Pékin et fait pression à travers le monde pour que le chinois soit exclu des réseaux de téléphonie de nouvelle génération.  

Selon des médias américains, le Pentagone a publié une liste de 20 entreprises chinoises, incluant Huawei, qu’il estime liées à l’armée.

Huawei nie de son côté toute accusation d’espionnage pour le compte de Pékin.

Mi-mai, le gouvernement américain avait pris des mesures pour entraver la capacité du géant chinois des télécoms à mettre au point des semi-conducteurs à l’étranger grâce à de la technologie américaine. Il a ensuite légèrement atténué ces sanctions.  

Les sanctions américaines sont notamment destinées à couper l’accès de Huawei aux semi-conducteurs fabriqués avec des composants américains. Londres s’inquiète d’un recours du chinois à des composants de rechange susceptibles de poser de nouveaux risques en termes de cybersécurité.

La presse britannique affirmait dès la fin mai que Boris Johnson allait réexaminer les liens du pays avec Huawei et réfléchissait même à l’exclure du réseau 5G.

Le chinois a par ailleurs obtenu fin juin le feu vert d’autorités britanniques locales pour la construction d’un centre de recherche et développement sur des composants électroniques pour la fibre à Cambridge.

M. Dowden a fait valoir que le Parlement allait débattre rapidement d’une loi sur la sécurité des télécoms. « Lorsque nous aurons atteint une décision collective, nous ferons une annonce », a-t-il conclu, interrogé sur Channel 4.  

L’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, Liu Xiaoming, a estimé lundi lors d’une conférence de presse télévisée que la décision d’incorporer ou non Huawei dans le réseau national de 5G « appartient au gouvernement britannique ».

« Avoir Huawei c’est gagnant-gagnant » mais « le monde est assez grand pour Huawei », a-t-il répliqué, laissant entendre que l’équipementier pourrait se tourner vers des clients asiatiques plus qu’occidentaux.

Il a par ailleurs affirmé qu’un rejet du géant chinois par Londres « nuirait au statut du pays » en le montrant comme sensible aux « pressions étrangères » et enverrait notamment « un mauvais message à la communauté chinoise des affaires à travers le monde ».

Un peu plus menaçant, il a conclu en déclarant « si vous voulez faire de la Chine un ennemi, vous devrez en assumer les conséquences ».