Une mauvaise nouvelle peut parfois en cacher une bonne. Des millions de Québécois qui profitaient gratuitement depuis la mi-mars de données internet illimitées à leur résidence perdent à partir de minuit mardi soir ce cadeau, que tous les fournisseurs avaient offert avec le confinement.

Vidéotron l’a annoncé ce lundi à ses abonnés en le présentant comme un « retour à la normale progressif ». L’entreprise appartenant à Québecor avait été une des premières, dès le 13 mars, à faire cette fleur aux consommateurs et aux entreprises, expliquant vouloir « favoriser les initiatives de télétravail » et « permettre aux gens de rester connectés sans se soucier d’un éventuel dépassement dans leur forfait ». On avait du même coup annulé les tarifs d’itinérance pour les voyageurs à l’extérieur du Canada et débrouillé une cinquantaine de chaînes spécialisées.

Rogers indiquait également sur son site ce lundi que la « levée temporaire des limites d’utilisation de données a pris fin ». « En mars dernier, nous avons mis en place des initiatives destinées à aider nos clients à traverser cette situation sans précédent, nous les avons prolongées jusqu’au 30 juin, explique Caroline Phémius, porte-parole. Nous sommes déterminés à soutenir nos clients et nos communautés alors que nous affrontons ensemble la prochaine phase de la pandémie de COVID-19. »

Chez Bell, ce sont deux initiatives offertes depuis plus de trois mois qui prendront fin ce mardi. Outre l’abolition des frais d’utilisation excédentaire pour l’internet résidentiel, on avait également offert un crédit de 10 $ et 10 Go de données gratuites aux clients se branchant à l’internet avec une station ou une clé Turbo, ou un appareil MiFi. Ces appareils rediffusent l’internet qu’ils captent par le réseau cellulaire et sont essentiellement utilisés dans les régions rurales.

On estime chez Bell que les clients ont augmenté d’environ 60 % durant la journée et de 20 % en soirée leur consommation de données internet résidentielles pendant la crise de la COVID-19. On précise en outre que l’utilisation de la téléphonie sans fil a bondi de 200 % aux heures de pointe.

Chez Telus, on assure ne pas avoir fermé les vannes de l’internet illimité. En fait, on imposait avant la mi-mars des frais de 13 $ aux clients pour avoir accès aux données internet illimitées, frais qui ont été annulés à la mi-mars. « Nous éliminons de façon définitive les frais associés à cette option », explique la porte-parole Jacinthe Beaulieu.

Pour la « faible minorité de clients » qui n’avaient pas pris cette option de données illimitées avant la COVID-19, « la consommation excédentaire liée à l’internet résidentiel redeviendra payable à l’usage après le 1er juillet », précise-t-elle. Ces clients seront contactés « de façon proactive » pour qu’ils choisissent un forfait avec données illimitées, d’autant plus alléchant que les frais de 13 $ ont été abolis, annonce la porte-parole.

Distributel persiste

Du côté des fournisseurs indépendants, EBOX avait déjà arrêté dès le 30 avril son offre gratuite de données illimitées. En entrevue avec La Presse à la mi-avril, le PDG de l’entreprise longueuilloise, Jean-Philippe Béique, avait précisé que la hausse de la consommation internet des clients, combinée à la disparition des frais excédentaires, engendrait des coûts exorbitants pour les indépendants.

Chez l’ontarien TekSavvy, on a renouvelé d’un mois à l’autre, à partir du 13 mars, l’offre d’abolition des frais de données excédentaires. Elle se termine elle aussi le 30 juin.

Selon ce qu’a pu constater La Presse, un seul fournisseur canadien, Distributel, a renoncé définitivement aux frais de dépassement de données, et ce, pour tous ses forfaits internet. « [Nos clients] nous ont dit qu’ils appréciaient vraiment le retrait des limites de données et que cela faisait une réelle différence pour eux, a déclaré par communiqué Matt Stein, PDG de Distributel. Nous avons pensé à prolonger le programme après les trois premiers mois, mais nous nous sommes vite rendu compte que les besoins de nos clients avaient changé à long terme. »