(San Francisco) Facebook et Twitter ont bloqué des opérations de manipulation soutenues par des gouvernements, notamment en faveur de Donald Trump, alors que les réseaux sociaux multiplient les efforts pour contrer les tentatives d’influencer l’opinion via leurs plateformes.

Twitter était engagé depuis 2018 dans le démantèlement d’une vaste campagne de manipulation, qui a abouti à la suspension de plus de 88 000 comptes.

En octobre dernier, grâce à des «enquêtes rigoureuses» en interne, la plateforme a établi que l’Arabie saoudite était à l’origine de cette interférence de grande ampleur.

L’entreprise a publié des informations sur un noyau de près de 6000 comptes, représentatifs de l’ensemble, à des fins de «transparence».

Les contenus partagés datent de la fin de l’année 2016, et apparaissent soutenir Donald Trump quand il était candidat et juste après son élection.

De nombreux comptes impliqués avaient recours à des outils automatisés pour faire circuler largement des messages non politiques, a expliqué Twitter. Ces outils servent d’ordinaire à propager des annonces importantes en cas de crise, et n’enfreignent pas les règles de la plateforme.

Mais «ces tactiques ont compliqué la tâche des observateurs qui devaient repérer les tweets politiques sur des comptes qui partageaient essentiellement des contenus non politiques de façon automatique», indique le communiqué.

La plupart de ces profils étaient en arabe et servaient de caisses de résonance «aux messages en faveur des autorités saoudiennes», mais une partie était en anglais et ciblait des publics occidentaux.

Faux profils

De son côté Facebook a indiqué vendredi avoir mis fin à deux opérations séparées de manipulation de l’opinion, dont un réseau piloté au Vietnam et aux États-Unis qui ciblait les Américains avec des messages en faveur de Donald Trump.

Le géant d’internet a retiré plus de 600 comptes sur Facebook et Instagram.

Ces pages, groupes et profils partageaient principalement des contenus du groupe de médias Epoch Times (lié au mouvement spirituel Falun Gong, interdit en Chine) et de BL, un média américain favorable au président américain.

Les personnes impliquées dans cette campagne «avaient largement recours à des faux profils-dont beaucoup avaient été automatiquement bloqués par nos systèmes - pour gérer leurs pages et groupes, poster de façon automatisée, à très haute fréquence, et rediriger des utilisateurs vers d’autres sites», a détaillé Nathaniel Gleicher, responsable de la cybersécurité chez Facebook.

La plateforme s’est aussi aperçue que certains profils affichaient des photos générées par des technologies d’intelligence artificielle, pour se faire passer pour des Américains.

Ils partageaient des textes, des images et des montages sur des sujets de politique américaine, de la procédure de destitution engagée contre Donald Trump aux élections, en passant par la religion, le commerce et les valeurs familiales.

L’autre opération démantelée par Facebook était menée depuis la Géorgie et ciblait des habitants de ce pays du Caucase, secoué ces dernières semaines par une profonde crise politique.

Démocratiques et autoritaires

À moins d’un an de l’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis, Facebook et Twitter sont encore plus sous pression pour contribuer, et non nuire, au processus démocratique.

Les deux groupes californiens ont été fortement critiqués pour ne pas avoir déjoué des campagnes de désinformation majeures en 2016, y compris pendant la campagne américaine.  

Cet automne, ils ont démantelé plusieurs opérations similaires à celles révélées vendredi, soutenues par différents pays (Iran, Russie, Arabie saoudite, etc), et cherchant à manipuler l’opinion de leurs citoyens ou de populations d’autres pays.

Elles ont généralement recours à des robots, des faux profils et des technologies d’intelligence artificielle pour se fondre dans la masse, propager les messages de façon efficace et générer du trafic.

Un rapport du Oxford Internet Institute a récemment établi que le nombre de campagnes de ce genre avait doublé en deux ans, et qu’elles provenaient aussi bien de gouvernements démocratiques qu’autoritaires.

Selon ces chercheurs, des agences étatiques sophistiquées d’au moins sept pays (Chine, Inde, Iran, Pakistan, Russie, Arabie saoudite et Venezuela) utilisent Facebook et Twitter pour gagner de l’influence dans des pays étrangers.