(Paris) Personne ne s’attendait à une telle claque… L’équipe chinoise FPX a écrasé les Européens de G2 (3-0) dimanche à Paris lors de la finale des Championnats du monde du jeu vidéo League of Legends, l’un des événements les plus importants de l’année dans l’esport.

Les Chinois de FunPlus Phoenix (FPX) ont soulevé la « Summoner’s Cup », le nom du trophée remis au vainqueur, devant près de 20 000 spectateurs réunis dans la pénombre de Bercy.

Le jeu League of Legends, qui mélange des éléments de jeux de stratégie et de jeux de rôle, soulève les foules partout dans le monde, dans des salles de concert ou des stades toujours remplis à craquer, et revendique quelque 100 millions de joueurs actifs.

Son but est simple : deux équipes de cinq joueurs s’affrontent afin de détruire la base adverse, le tout en évoluant dans un univers fantastique fait de monstres, de dragons, de tourelles et de sbires. « Les personnages sont inspirants, c’est super plaisant », estime Laura, 23 ans, qui suit assidument les ligues européennes et sud-coréennes de League of Legends, parfois plusieurs heures par jour.

Après cette finale à sens unique, le titre de champion du monde reste donc en Chine, un an après le sacre de l’équipe Invictus Gaming.

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« Caps » vs « Doinb »

« Je ne pensais pas que ce serait aussi sec », a reconnu auprès de l’AFP Fabien Culié, alias « Chips », qui a commenté la finale en direct pour OGaming TV. « Il y a un petit sentiment de frustration et d’inachevé, j’aurais aimé sentir une forme de suspense. »

Pour la première finale des « Worlds » organisée à Paris, la salle était pourtant largement acquise à la cause de G2, dernier représentant de l’Europe dans la compétition.

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Et G2, qui espérait offrir au continent son premier titre depuis 2011, avait largement dominé la saison. L’équipe de l’Espagnol Carlos « Ocelote » Rodriguez avait notamment impressionné en éliminant en demi-finale les triples champions du monde SKT, qui comptent dans leur rang « Faker », considéré comme le plus grand joueur de tous les temps sur League of Legends.

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« En général, c’est une équipe hyper plaisante à regarder. Ils ne sont pas statiques, ils sont combatifs », déclare Laura, fan de G2.

Dans les allées de Bercy, remplies de fans en cosplay, la pratique qui consiste à se déguiser en un personnage du jeu vidéo, pas évident de croiser un seul supporter de l’équipe chinoise.

Le soutien de la foule bruyante et colorée, les clappings géants, les chants et les olas, n’ont donc pas été suffisants pour Rasmus « Caps » Winther et ses coéquipiers, submergés par l’agressivité de Kim Tae-sang, aka « Doinb », et Gao « Tian » Tian-Liang, élu MVP du match.  

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Tour Eiffel et Louis Vuitton

La finale des « Worlds » de League of Legends, « LoL » dans le jargon des gamers, est considérée comme le Graal des compétitions d’esport, c’est-à-dire les tournois compétitifs de jeux vidéo. Les champions du monde sont repartis avec plus de 800 000 dollars.

« Si vous venez pour l’argent et pour rien d’autre, ne venez pas ! », a toutefois lancé « Doinb » à destination des fans de jeux vidéo qui se rêveraient en gamers professionnels.

Depuis une dizaine d’années, le titre édité par le studio américain Riot Games fait figure de locomotive de l’esport, un secteur passé en quelques années d’un petit loisir de geeks à une industrie florissante. L’esport n’est plus une niche mais un phénomène « mainstream » global et LoL en est le champion.

Signe du prestige et de l’importance de l’événement, League of Legends s’était installé au premier étage de la Tour Eiffel pour sa conférence de presse de présentation. Et le trophée a été remis dans une malle de la marque de luxe Louis Vuitton, comme pour la Coupe du monde de football l’an dernier en Russie.

Pour cette finale, un écran géant avait été installé sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris et l’audience en ligne de la finale devrait dépasser les 100 millions de spectateurs de l’an dernier.