(San Francisco) Facebook a renforcé ses mesures de sécurité en vue des élections américaines de 2020, après avoir déjoué une nouvelle tentative russe de manipuler l’opinion, visant notamment des candidats démocrates comme Joe Biden.

Le réseau social dominant a annoncé lundi avoir bloqué quatre campagnes d’influence menées par des groupes qui se faisaient passer pour des utilisateurs des plateformes (Facebook et Instagram) et étaient soutenues par des États, l’Iran et la Russie.

L’un des groupes russes partageait des publications via des faux comptes, censés représenter différents courants politiques et abordant des sujets comme « les élections américaines, les questions environnementales, les tensions raciales, les questions LGBT, le conservatisme et le libéralisme […] », a listé Nathaniel Gleicher, responsable de la cybersécurité chez Facebook.

La firme Graphika, spécialisée dans l’analyse des réseaux sociaux, a de son côté mis en évidence des comptes russes qui s’attaquaient directement à certains candidats américains à la présidentielle.

« De nombreux comptes chantaient les louanges de Bernie Sanders (marqué très à gauche sur l’échiquier américain) ou de Donald Trump », indique le rapport de Graphika.

« Des comptes des deux côtés du spectre politique attaquaient Joe Biden. D’autres attaquaient Kamala Harris et Elizabeth Warren. Près de la moitié des comptes prétendaient être basés dans les » États pivots «, surtout la Floride », précisent encore les analystes de la firme.

Le rapport révèle aussi que ces comptes réutilisaient des messages d’une organisation russe liée au Kremlin, la « Internet Research Agency », qui avait ciblé des électeurs américains pendant la campagne présidentielle de 2016.

Course à l’armement

« J’ai confiance dans le fait que nous soyons beaucoup mieux préparés. Mais je sais aussi que de plus en plus de pays ont la capacité de mener des attaques de plus en plus sophistiquées, et qu’ils continuent d’essayer », a déclaré Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, lors d’une conférence de presse.

Il a comparé la situation actuelle à une course à l’armement : « Nous devenons meilleurs. Eux aussi ».

« Notre objectif à terme n’est pas seulement de bloquer ces opérations de manipulation, […] mais de rendre la plateforme plus résistante », a ajouté Nathaniel Gleicher.

« Regardez l’opération russe : ils n’en étaient encore qu’au début, ils tentaient de construire une audience et ils avaient pris de nombreuses précautions pour dissimuler leur identité […], mais nous avons pu les repérer et mettre fin à leurs actions dès le début », s’est-il félicité.

L’équipe de cybersécurité de la plateforme repère les groupes malveillants sur la base de leur comportement « coordonné » et « inauthentique ».

« Nous avons mis fin à ces campagnes en raison de leur attitude trompeuse, non en raison des contenus qu’elles ont partagés », a précisé M. Gleicher.

Facebook avait été fortement critiqué pour ne pas avoir bloqué des campagnes de manipulation lors de scrutins majeurs en 2016, dont l’élection présidentielle américaine.  

Médias étatiques

Parmi les nouvelles mesures pour renforcer la protection de ses réseaux, le géant américain prévoit notamment d’indiquer à ses utilisateurs les messages provenant de médias contrôlés financièrement et éditorialement par un État.

« Ces pages seront soumises à un niveau de transparence plus élevé parce qu’elles combinent l’influence sur l’opinion que peut avoir une organisation médiatique avec le soutien stratégique d’un État », explique Facebook dans son communiqué.

Pour freiner la propagation des fausses informations, des fenêtres « pop-up » s’afficheront quand des utilisateurs d’Instagram tenteront de partager des contenus ayant été démentis par des journalistes de son programme de « fact-checking » (vérification de l’information par des tiers).

Facebook a aussi décidé de mieux protéger les comptes de candidats politiques contre le risque de piratage ou de prise de contrôle. Et les annonces visant à décourager les électeurs d’aller voter seront systématiquement supprimées.

La malveillance numérique fait partie des risques majeurs qui pourraient entacher les résultats des scrutins de 2020.

Après les opérations de manipulation lors des élections de 2016, principalement orchestrées depuis la Russie, les réseaux ont réagi avec un arsenal de mesures déployées graduellement depuis 2018 pour lutter contre les faux comptes et la désinformation, aussi bien dans les contenus partagés par les utilisateurs que dans les publicités.