(Montréal) Un nouvel outil développé par des chercheurs américains pourrait sauver la vie de gens foudroyés par une crise cardiaque pendant leur sommeil.

Des recherches récentes portent à croire que les arrêts cardiaques qui surviennent à l’extérieur de l’hôpital se produisent fréquemment dans la chambre à coucher. La victime pourra à ce moment être seule ou loin de ceux qui pourraient l’aider, ou les autres occupants de la résidence pourront eux aussi dormir.

L’outil que sont à perfectionner des chercheurs de l’Université de Washington permettrait à un assistant vocal personnel — comme Alexa d’Amazon ou le Google Home — ou à un téléphone intelligent de détecter la respiration très caractéristique d’une victime de crise cardiaque.

Cette respiration, appelée respiration agonale, est une respiration haletante et laborieuse, accompagnée de vocalisations étranges et de contractions musculaires rapides et involontaires.

« Généralement c’est assez catastrophique rendu là. Il faut que les services ambulanciers se rendent rapidement. C’est comme toute urgence cardiaque », a commenté le chef de médecine à l’Institut de cardiologie de Montréal, le cardiologue Peter Guerra.

Les chercheurs ont utilisé de véritables respirations agonales enregistrées lors d’appels au 9-1-1 pour développer leur outil. Lors de tests, l’outil a détecté 97 % des respirations agonales à une distance de six mètres, peut-on lire dans le journal npj Digital Medicine.

L’auteur de l’étude, Shyam Gollakota, a expliqué dans un communiqué que ses collègues et lui souhaitent ultimement mettre au point un système qui surveillera « continuellement et passivement » la chambre à coucher. Si une respiration agonale est détectée, l’outil alertera les gens qui se trouvent à proximité, sinon il communiquera avec les services d’urgence.

Environ la moitié des patients frappés par un arrêt cardiaque présenteront une respiration agonale.

« Ils ont visé quelque chose de très précis, a dit le docteur Guerra. Il peut y avoir un arrêt cardiaque et c’est un arrêt respiratoire, ça peut aussi être assez silencieux. »

Les chercheurs ont également enseigné à leur algorithme à ne pas tenir compte d’autres sons qu’il pourrait détecter — des ronflements, des aboiements, des miaulements, des systèmes de climatisation, des klaxons — et qui n’ont rien à voir avec la respiration agonale.

Lors de tests en laboratoire, l’outil a incorrectement identifié 0,22 % des échantillons sonores qui lui ont été présentés comme étant une respiration agonale — un taux d’erreur faible, mais inacceptable, puisqu’on doit à tout prix éviter de lancer l’alarme inutilement. Toutefois, le taux d’erreur chute à 0 % quand on lui demande d’identifier deux événements distincts survenant à au moins dix secondes l’un de l’autre.

Les chercheurs souhaitent maintenant avoir accès à d’autres appels logés au 9-1-1 concernant des crises cardiaques pour continuer à raffiner la précision de leur outil, qu’ils commercialiseront éventuellement en tant qu’application pour téléphone intelligent ou de fonctionnalité pour assistant vocal personnel.

S’il estime que cette percée est très « intéressante », le docteur Guerra croit aussi qu’elle ne représente qu’un début.

« Je crois que la technologie va aller au-delà de ça parce qu’il existe déjà des détecteurs dans nos montres pour détecter les arythmies, alors pour moi c’est seulement un pas de plus à dire que la montre pourrait détecter une arythmie cardiaque dangereuse et demander au téléphone intelligent de composer 9-1-1, a-t-il dit. Je crois que l’avenir sera davantage dans les appareils que l’on porte. »

Les maladies du cœur arrivent au deuxième rang des causes de décès au Canada et ont causé plus de 51 500 décès en 2015.