(New York) Qu’importe les accusations de censure, Twitter a décidé jeudi de durcir le ton face aux messages de responsables politiques incitant à la violence ou à la haine avec des mesures pouvant aussi s’appliquer au président américain Donald Trump.

Le réseau social a des règles claires en ce qui concerne tous les tweets appelant spécifiquement à la violence contre un individu ou une communauté, glorifiant le terrorisme ou harcelant une personne en particulier.

Mais les limites deviennent floues quand les messages proviennent d’un responsable de haut niveau. A fortiori quand ils sont écrits par le dirigeant de la première puissance mondiale, habitué à une rhétorique parfois jugée agressive ou insultante sur son compte suivi par 61 millions d’abonnés.

Aussi Twitter prévoit de faire précéder les tweets litigieux d’un message expliquant qu’ils contreviennent aux règles du réseau social, mais qu’ils sont quand même diffusés dans « l’intérêt du grand public », détaille le groupe dans un billet de blogue. Et de les rendre moins visibles.

« Participer au débat public inclut de fournir la possibilité à chacun de parler des sujets qui leur tiennent à cœur ; cela peut être particulièrement important quand il s’agit de responsables gouvernementaux ou politiques » justifie Twitter.

« En raison de leur position, ces responsables ont une influence énorme et disent parfois des choses qui peuvent être considérées comme controversées ou invitent au débat et à la discussion », ajoute le groupe.

Aussi, « il existe certains cas où il est dans l’intérêt du public d’avoir accès à certains tweets, même quand ils contreviennent normalement à nos règles », souligne le réseau social en reconnaissant avoir déjà laissé passer des messages contestables. « Dans ces très rares occasions, nous placerons un avertissement, un écran sur lequel il faudra cliquer avant de voir le tweet, afin d’apporter du contexte et de la clarté. »

Moins de visibilité

En plus de cet avertissement, Twitter prévoit d’offrir aux tweets concernés moins de visibilité sur le réseau social. Ils ne pourront par exemple pas apparaître dans les modes programmés pour censurer les contenus à caractère sensible ou parmi la liste des messages les plus populaires.

La nouvelle règle s’appliquera aux responsables gouvernementaux, aux élus, aux candidats à une élection ou à un poste gouvernemental, ayant plus de 100 000 abonnés. Il faudra aussi que le compte ait été certifié par Twitter.

Elle sera valable pour les tweets diffusés à partir de jeudi, mais pas pour les messages antérieurs.

Ces mesures interviennent au lendemain d’une nouvelle salve d’attaques du président américain à l’encontre du réseau social dans une entrevue à la chaîne Fox Business Network.

Comme il le fait régulièrement, il a de nouveau accusé les géants technologiques dans leur ensemble de « collusion » avec la gauche et reproché plus spécifiquement à Twitter de le censurer en « empêchant les gens » de le suivre sur ce réseau social. « J’ai donc beaucoup plus de mal à faire passer mon message », a-t-il déploré.

Mais depuis son arrivée à la Maison-Blanche, des voix se sont élevées à maintes occasions pour demander à Twitter de suspendre le compte @realDonaldTrump.

Le réseau social avait jusqu’à présent toujours répondu que « la valeur informative » de certains messages exigeait qu’ils restent sur la plateforme.

Avec ses nouvelles règles, le groupe espère « trouver le bon équilibre entre la liberté d’expression, la possibilité de demander des comptes et la réduction du mal potentiel que ces tweets peuvent causer ».

Une équipe de Twitter déterminera les messages susceptibles d’être concernés.

« Dans les cas où les tweets violent nos règles et que nous estimons qu’il n’est pas dans l’intérêt du public de les laisser visibles, nous exigerons du propriétaire du compte qu’il les retire », indique le réseau social.

Twitter avait déjà prévenu en mars qu’il envisageait d’accompagner d’éléments de contexte certains tweets émanant de figures politiques.