(Islamabad) Le Pakistan a demandé à Facebook de retirer tout contenu hostile au vaccin contre la poliomyélite, après qu’une rumeur a provoqué un mouvement de panique dans le nord-ouest du pays la semaine dernière et que trois membres d’équipes anti-polio ont été tués.

« Les contenus nuisibles sur Facebook ne mettent pas seulement en péril l’éradication de la polio, ils mettent aussi en danger la vie de nos vaccinateurs », peut-on lire dans un communiqué officiel reçu vendredi par l’AFP.

Les refus parentaux de vaccination de leurs enfants « dus à la propagande sur Facebook […] sont en train de devenir le principal obstacle à l’éradication complète du virus », poursuit ce texte.

Ces contenus sont en outre « en violation des règles de Facebook », a observé Babar Atta, chargé du programme de lutte contre la polio auprès du premier ministre Imran Khan, dans un courrier envoyé jeudi à la plateforme, dont l’AFP a eu copie vendredi.

« Je sollicite donc votre soutien pour bloquer […] la diffusion d’une telle propagande anti-vaccination à partir des plateformes Facebook opérant depuis le Pakistan », a-t-il écrit.

La semaine dernière, des dizaines de milliers d’enfants avaient été transportés d’urgence dans des hôpitaux du Nord-Ouest après de fausses rumeurs ayant fait état de réactions à un vaccin contre la poliomyélite.

Une vaccinatrice et deux policiers encadrant des équipes anti-polio avaient également été tués, et des dizaines de vaccinateurs battus ou harcelés après ce mouvement de panique.

À Islamabad, 10 000 refus de vaccination étaient recensés chaque jour la semaine dernière, contre 200 à 300 auparavant sur tout la durée d’une campagne, selon un cadre du programme anti-polio.

Aucun groupe n’a revendiqué la responsabilité de ces violences. Mais des extrémistes, dont les talibans pakistanais, ont par le passé attaqué des équipes de vaccinateurs contre la polio, provoquant la mort d’une centaine de personnes depuis décembre 2012.

La polio n’est endémique que dans trois pays du monde : le Pakistan, l’Afghanistan et le Nigeria, une souche assez rare du virus ayant aussi été récemment détectée en Papouasie–Nouvelle-Guinée.