(San Francisco) Facebook a lancé jeudi une nouvelle offensive contre des promoteurs de discours extrémistes, violents, antisémites, racistes ou complotistes, dont les célèbres figures américaines Louis Farrakhan, leader de l’organisation « Nation of Islam », et Alex Jones, fondateur du site « Infowars ».

« Nous avons toujours interdit les individus ou organisations qui promeuvent ou se livrent à la violence et la haine, quelle que soit l’idéologie », a indiqué l’entreprise, qui a supprimé définitivement comptes et contenus liés à six personnalités et au site « Infowars », estimant qu’ils entraient dans sa catégorie « individus et organismes dangereux ». Ces décisions sont valables aussi pour sa filiale Instagram.

Le réseau social, comme les autres plateformes internet, est très souvent accusé de ne pas expurger assez vite les publications problématiques ou choquantes. La tuerie en mars dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, perpétrée par un suprémaciste blanc, avait de nouveau mis le sujet sur le devant de la scène. Le tireur avait diffusé l’attaque en direct sur Facebook.

« Le processus d’évaluation de possibles infractions (aux règles d’utilisation du réseau social, NDLR) est très poussé et c’est ce qui nous a conduit à décider de supprimer ces comptes aujourd’hui » jeudi, a ajouté une porte-parole dans un courriel à l’AFP.

AP

Alex Jones

Louis Farrakhan, 85 ans, est à la tête de « Nation of Islam », fondée en 1930. Ses membres sont reconnaissables à leur traditionnel nœud papillon, et connus pour des prises de position violentes, régulièrement antisémites ou homophobes.

« Hitler était un très grand homme », a dit en 1984 m. Farrakhan lors d’une interview, selon le Southern Poverty Law Center, spécialisé dans l’étude des groupes extrémistes.

Conspirationnisme

Le célèbre rappeur Snoop Dogg a diffusé — sur Instagram — deux vidéos de soutien à Louis Farrakhan, insultant abondamment Facebook en des termes orduriers.  

Alex Jones, 45 ans, est un célèbre complotiste d’extrême droite, fondateur du site « Infowars », prompt à diffuser théories du complot et autres infox. M. Jones est notamment connu pour avoir prétendu que la fusillade dans l’école primaire Sandy Hook en 2012, qui avait fait 26 morts, dont 20 enfants, était une mise en scène.  

Il ne sera désormais plus possible de partager les vidéos d’« Infowars », sinon dans le but de les condamner, a précisé le réseau social.

Alex Jones et « Infowars » avaient déjà fait l’objet d’interdictions, temporaires pour certaines, de la plupart des plateformes internet l’été dernier, dont Facebook, Twitter, YouTube (Google) …

AFP

Milo Yiannopoulos

Paul Nehlen, un politicien membre du parti républicain et figure de l’extrême droite américaine a aussi été banni jeudi, de même que Milo Yiannopoulos, polémiste ultraconservateur britannique, chantre du nationalisme blanc aux États-Unis.

Aussi visé, Paul Joseph Watson est un jeune Britannique adepte des théories du complot dont les vidéos d’extrême droite font des centaines de milliers de vues sur l’internet. Sur Twitter, M. Watson a réagi en évoquant « une purge purement politique », affirmant n’avoir « enfreint aucune règle » du réseau.

Enfin, l’américaine Laura Loomer est coutumière de vidéos et déclarations complotistes ou anti-musulmanes sur les réseaux sociaux.  

Facebook va retirer toutes les pages, groupes et comptes qui les représentent d’une manière ou d’une autre (y compris les pages non officielles relayant les mêmes contenus), a précisé la firme jeudi.

L’ONG américaine spécialisée « Media Matters for America » a salué dans un communiqué « un pas dans la bonne direction » de la part du réseau social.

Cette série d’interdictions a été annoncée aux médias par Facebook avant que tous les contenus aient été retirés, laissant par exemple à Laura Loomer et Milo Yiannopoulos le temps d’inviter leurs abonnés à les suivre autrement, via courriel ou messagerie, selon des captures d’écran diffusées dans la presse américaine.

Une porte-parole de Facebook a confirmé à l’AFP que la suppression des comptes avait en effet pris plus de temps que prévu.  

La catégorie « individus et organismes dangereux » de Facebook est définie ainsi sur son site internet en français : « afin d’éviter et d’empêcher toute nuisance et tout danger dans le monde réel, les organisations ou individus impliqués dans les activités suivantes ne sont pas les bienvenus sur Facebook : les activités terroristes, la haine organisée, les meurtres de masse ou en série, la traite des personnes, la violence ou les activités criminelles organisées ».

Fin mars, après le massacre de Christchurch, Facebook avait annoncé l’interdiction de davantage de publications ayant trait au « suprémacisme blanc » et autres idéologies voisines.